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LONGUEUIL – Son père lui avait dit que si jamais elle échouait à l’école, elle n’allait pas échouer dans les cultures. Sauf qu’elle a réussi les deux : Bobodo Sylvie Kassongo Sama est aujourd’hui la seule femme à diriger une production de bananes, de légumes et de grains au Burkina Faso, et elle utilise son entreprise agricole comme une école pour inciter les jeunes Africains à se diriger vers l’agriculture et à valoriser ce métier.
Les médias de son pays l’ont remarquée et ont réalisé des reportages sur elle et ses enfants, avec qui elle travaille à la ferme. Et en ce début décembre, elle a l’honneur d’être invitée au Québec pour être couronnée du titre de Famille inTERREnationale de l’année, un prix remis par UPA Développement international (UPA DI).
En entrevue avec La Terre, Mme Kassongo stipule que ce prix représente beaucoup pour elle.
Lorsqu’elle a reçu l’appel lui confirmant qu’elle était choisie comme Famille inTERREnationale de l’année et qu’elle allait venir au Québec chercher ce prix, l’émotion était si forte qu’elle a dû observer une minute de silence avant de partager sa joie, raconte-t-elle.
Tout a commencé en Côte d’Ivoire, avec son père qui lui a enseigné les rudiments de la culture de la banane, de la papaye et, surtout, qui lui a assuré que l’agriculture était aussi pour les femmes, une notion peu répandue dans certaines régions de l’Afrique, déplore-t-elle. À preuve, quand elle s’est mariée et qu’elle a déménagé au Burkina Faso, son mari l’a invitée à occuper différents métiers autres que celui d’agricultrice. Elle a tenté d’être admise comme sage-femme. Mais la passion de l’agriculture qui bouillait en elle en a décidé autrement, et l’a menée à démarrer une petite plantation de bananes sur quelques hectares (ha). Cette dernière atteint maintenant près de 70 ha, selon la saison. En plus des bananes, elle se fait une fierté de cultiver des semences améliorées de riz, de sésame et de niébé (semblable au haricot), qui sont ensuite envoyées partout dans le pays. Ces semences améliorées, couplées à une meilleure régie de culture, ont fait passer, dans certains cas, les rendements de 3 tonnes à l’hectare (t/ha) à 9 t/ha. « Le nom de la ferme est écrit sur les sacs de semences. Les gens m’appellent pour dire que la semence est bonne. Ça fait plaisir », affirme-t-elle.
Motiver les gens à cesser de voir l’agriculture comme un métier disgracieux et, au contraire, en faire de futurs agriculteurs importe beaucoup pour Mme Kassongo. « J’ai eu un jeune qui est venu. Après deux mois, il m’a dit que l’agriculture n’était pas sa vocation. Je lui ai dit : ‘’D’accord, va-t’en’’. Il est finalement resté et aujourd’hui, il est devenu un grand producteur. Ils m’appellent ‘’maman’’. Ils voient que je me suis donnée à l’agriculture. Ils voient mon exemple, celui d’une femme partie sans moyens. Ça les encourage. C’est ce que je veux, les impacter, leur donner ce que Dieu m’a partagé : la vocation. »