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La biennale de la filière argentine du blé, qui a eu lieu à Mar del Plata, du 9 au 10 mai,a été l’occasion de repérer les tendances techniques majeures en production de blé en Amérique du Sud. Une première mondiale y a eu lieu, cette année, avec la commercialisation de variétés de blé génétiquement modifié (GM).
Le détenteur de ces variétés de blé HB4, porteuses d’un gène de tournesol qui leur conférerait une certaine tolérance à la sécheresse, est le laboratoire de biotechnologie argentin Bioceres en coentreprise avec le semencier français Florimond Desprez. L’an dernier, ce blé GM a été cultivé sur 50 000 hectares, mais a été récolté en circuit fermé grâce à des contrats passés avec des céréaliers stipulant que Bioceres était l’unique propriétaire de la récolte. L’objectif était de limiter au maximum le risque de mélange de blé GM à du conventionnel destiné à l’exportation vers des pays interdisant le premier. La nouveauté, cette année, est que les céréaliers ont la liberté de vendre leur récolte aux principaux exportateurs de grains du pays. Bref, le blé GM est relâché dans la Pampa.
Le sujet reste tendu. L’entreprise de biotech cotée au Nasdaq poursuit sa stratégie de prudente tortue pour imposer son blé GM dans le monde. Au Brésil et au Paraguay, d’autres semenciers font déjà la reproduction de blés porteurs de la séquence HB4, dont la Société brésilienne de recherche agricole (Embrapa).
Le marché argentin des semences de blé est caractérisé par la domination actuelle de deux variétés (Catalpa, de Don Mario, et Baguette 620, de Nidera), qui représentent environ 60 % du total des achats de semences déclarés, selon l’agronome Agustín Canto, du groupe semencier européen RAGT. « Tous les trois ou quatre ans, l’une de ces variétés leaders cède sa place à une autre, victime de sa rupture de résistance aux maladies de rouille (jaune ou orange) due à la massification de son usage, telle la variété Algarrobo, qui a connu un boom entre 2017 et 2019, mais que plus personne n’implante aujourd’hui », a-t-il souligné.
Autres tendances
Par ailleurs, l’essor de produits biologiques pour le traitement des semences est une autre tendance actuelle marquante. Ceux-ci pèsent encore moins de 10 % du marché argentin des produits d’enrobage des semences de blé et d’orge, lequel est évalué à près de 40 M$ US, a mentionné Ricardo Yapur, le président-directeur général de Rizobacter, leader national des inoculants et biostimulants. Rizobacter régnerait en maître sur ce marché des fongicides biologiques enrobés avec son champignon Trichoderma afroharzianum, qui lui aurait permis de réaliser un chiffre d’affaires de 4 M$ US l’an dernier, soit la quasi-totalité d’un créneau bio en plein essor.
Une troisième tendance technique actuelle est l’usage croissant de biostimulants foliaires, avec à leur tête le produit Smart Foil, du français Lesaffre, une levure contenant des micronutriments avec une base de nitrate qui permettrait d’obtenir des hausses de rendements de 300 kg/hectare, selon l’agronome Joaquin Peñoñori, installé à Pergamino. Selon lui, les grands céréaliers de la région pampéenne centrale emploient ces produits biologiques encore à titre expérimental, en les testant sur des bandes de parcelles.