International 8 octobre 2018

La peste porcine africaine frappe la Chine et l’Europe

La Chine tente de contenir l’épidémie de peste porcine africaine qui a déjà emporté 40 000 porcs domestiques depuis le mois d’août. Et en Europe, la filière porcine s’inquiète de voir monter à 18 le nombre de sangliers sauvages infectés par le virus en Belgique depuis deux semaines. Il n’existe ni traitement ni vaccin pour contrer la peste porcine africaine et d’importantes perturbations à l’échelle du commerce mondial du porc sont à prévoir, selon l’Équipe québécoise de santé porcine (EQSP). 

Chine

Malgré ses efforts pour endiguer la maladie, la Chine, le plus grand producteur et consommateur de porcs au monde, observait, le 27 septembre, l’émergence d’un 22e foyer dans une 7e province. « Plusieurs se questionnent sur l’exactitude des déclarations [des autorités chinoises à l’Organisation mondiale de la santé animale], étant donné la large distribution géographique des éclosions dans un si cours laps de temps », indique l’EQSP. En réunion d’urgence, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a fait part de ses inquiétudes quant à la propagation du virus dans le reste de l’Asie.

La Chine a interdit le transport de porcs vivants dans les zones infectées par le virus et dans les 11 provinces limitrophes, ce qui crée un important débalancement dans les approvisionnements à travers le pays. La menace d’une surproduction pèse actuellement sur les marchés, selon une analyse de la banque néerlandaise Rabobank, puisque les producteurs se dépêchent d’envoyer les porcs sains à l’abattage. La banque estime que 2 à 3 millions de tonnes carcasse pourraient venir à manquer en Chine dans les prochains mois. 

Belgique

En Belgique, aucun élevage n’est encore affecté dans le périmètre sécurisé de 63 000 ha, mais 4 000 porcs seront abattus prochainement par mesure de prévention. Les autorités européennes s’inquiètent de la proximité du foyer d’éclosion belge avec les grands élevages commerciaux allemands et français dédiés principalement aux marchés d’exportation. L’Europe de l’Ouest fournit 35 % des ventes mondiales de porcs à l’étranger. D’ailleurs, 13 pays en dehors de l’Union européenne ont déjà diminué ou totalement interrompu leurs importations de porcs belges. 

Impacts sur les marchés

« Pour les agriculteurs et les transformateurs nord-américains, cette perspective offre des raisons d’être à la fois préoccupé et optimiste », souligne Rabobank. Les risques de propagation ne sont pas à négliger au Canada, puisque le virus « peut survivre pendant de longues périodes dans un climat très froid ou encore très chaud ainsi que dans des produits porcins, qu’ils soient secs ou cuits », explique la FAO.

D’un autre côté, si le virus se propage en Europe, Rabobank estime qu’une hausse des exportations porcines canadiennes, américaines et brésiliennes sera à prévoir, tout comme celles du bœuf, du poulet et des fruits de mer.