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VERMONT — La ferme de 3 600 vaches en lactation de Mark St-Pierre, à Berkshire, au Vermont, illustre parfaitement l’âme du libre marché américain : ce producteur, parti de rien en 1985, est aujourd’hui le propriétaire, avec sa femme, d’une gigantesque entreprise laitière qui peut vendre pour 20 M$ de lait par année.
« Quand tu es entrepreneur et que tu veux croître, le libre marché, c’est le système à choisir. Si ton voisin veut vendre ses 800 vaches et si tu désires augmenter ta production, ce n’est pas compliqué : tu fais un chèque, et c’est réglé! Sous gestion de l’offre, on n’aurait pas réussi à faire grandir l’entreprise comme on l’a fait », reconnaît le sympathique producteur dans un français très décent.
Aujourd’hui, cependant, sans projet d’expansion dans les cartons, il voudrait que les prix du lait soient plus stables. Du même souffle, il reconnaît que le système canadien offre une constance qui rendrait la gestion de son entreprise beaucoup moins stressante.
3 600 vaches et des sidelines
Dans le contexte américain, les ventes de lait peuvent engendrer des revenus record, mais aussi des pertes financières majeures. Avec 3 600 vaches en production, il faut des nerfs d’acier. « Tu dois être capable d’endurer les bas, ce qui n’est pas évident, car les revenus peuvent varier de 40 % », explique-t-il. Concrètement, dans les années où le prix du lait est élevé, l’entreprise Pleasant Valley Farms dégage des revenus de 15 à 20 M$ US. Bref, l’argent coule à flots. Cependant, tous les cinq ans en moyenne, le balancier s’inverse et, durant une période de plusieurs mois, l’entreprise paie chaque jour pour produire du lait. « Parfois, nous sommes dans le rouge pendant des mois, et ce n’est pas drôle. Des moments décourageants, avoue-t-il humblement. Et pour passer à travers, ça prend des sidelines. Le sirop d’érable est très rentable depuis cinq ans; ça aide. »
De fait, en plus de ses 3 600 vaches, M. St-Pierre exploite une érablière de 75 000 entailles et possède des logements à revenu. À cela s’ajoute le commerce d’animaux, domaine où il est encore actif. Ce sont d’ailleurs ses achats de vaches laitières au Québec, au rabais grâce au taux de change, qui lui ont permis de constituer une partie de son impressionnant troupeau.
Outre la diversification des revenus, M. St-Pierre assure qu’une gestion serrée demeure la clef pour réussir dans un système de production laitière en libre marché. Il peaufine actuellement l’alimentation de ses vaches afin de faire passer leur production moyenne de 35,5 à 37 L par jour. « Chaque fois que j’augmente ma moyenne d’un demi-litre, j’accrois mes revenus de 200 000 $ par année », calcule-t-il. Dans son parc de machinerie, qui compte des pelles mécaniques et plus d’une vingtaine de tracteurs, même souci de gestion : « Les tracteurs neufs que tu remplaces quand la garantie est échue, ce n’est pas rentable. Ici, c’est uniquement de l’usagé. Je n’ai pas les moyens d’avoir du neuf! »
Des surplus de lait?
Le lait des milliers de vaches est pompé directement dans quatre remorques-citernes stationnées au bout des salons de traite. Est-il déjà arrivé que le transformateur refuse du lait? « Je vends à la coopérative Dairy Farmers of America. Elle a toujours pris mon lait. En quelques rares occasions, elle m’a payé en me disant qu’étant donné les surplus elle serait obligée de le jeter. C’est certain que personne n’aime le gaspillage de lait, surtout quand on a travaillé pour le produire », révèle-t-il.