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Le lait déborde de toutes parts en Europe, où le prix à la ferme est en chute libre depuis la suppression des quotas, le 1er avril 2015. Des producteurs de lait français, allemands, belges, britanniques et espagnols bloquent des routes, des laiteries ou des supermarchés afin d’obtenir des prix rémunérateurs et de sauver leurs entreprises.
La levée des quotas a en effet entraîné une surproduction de lait qui casse les prix, car la stratégie envisagée d’exporter les excédents sur les marchés mondiaux, où l’offre est déjà abondante, a échoué. Ces soubresauts spontanés ne sont que le préambule à la grande manifestation prévue à Bruxelles, le 7 septembre prochain, lors de la réunion extraordinaire des ministres de l’Agriculture des 28 États membres de l’Union européenne (UE).
La survie de milliers de fermes laitières est menacée en raison d’un prix aussi bas que 25 centimes le litre, nettement inférieur au coût de production estimé à 40 centimes/l, prévient l’European Milk Board (EMB). « Les prix sont en chute libre dans tous les pays de l’Union européenne, a déclaré sa vice-présidente, Sieta van Keimpema. Il serait injustifié de rejeter la faute sur certains pays ou certains producteurs. Tous les producteurs font face aux mêmes difficultés. » L’EMB dit représenter quelque 100 000 producteurs de lait répartis dans 15 pays européens.
Selon cette association, seul un mécanisme de gestion de crise basé sur la réduction des volumes laitiers produits peut permettre de diminuer la pression sur le marché et d’obtenir des prix plus équitables pour les exploitations laitières. Cet outil, le Programme de responsabilisation face au marché (PRM), comporte des mesures ajustées au déséquilibre observé sur le marché laitier européen. Il garantirait une juste répartition des baisses de volumes entre tous les producteurs et éviterait de monter les uns contre les autres les éleveurs des différents pays de l’UE, avance l’EMB. En cas de crise, les fermes qui diminueraient volontairement leur production recevraient une prime financée en partie par l’État, par les pénalités payées par ceux qui continuent malgré tout à augmenter leur production dans un tel contexte et par d’autres sources. Au-delà d’un certain seuil, tous les producteurs devraient réduire leur production.
L’EMB soutient que l’augmentation du prix d’intervention de l’État, sans réduction des volumes produits, est un leurre. Dans ce contexte, une telle mesure va stimuler la production et empirer la situation, note-t-elle. Cette organisation considère en outre que la hausse du prix du litre de lait de 30 à 34 centimes, arrachée en France en juillet dernier par la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), fait partie des mesures ponctuelles qui ne règlent pas le fond du problème. Enfin, la preuve est maintenant faite que miser exclusivement sur les exportations pour se défaire des excédents européens constitue une fausse avenue, fait valoir cette association. Pire, les excédents européens viennent renforcer la spirale des prix internationaux vers le bas. Il est reconnu que la fermeture du marché russe à la suite du contentieux sur l’Ukraine ainsi que le coup de frein donné par la Chine sur ses achats de produits laitiers ont privé les Européens d’énormes débouchés.