International 17 juin 2024

Les prémices de l’identification par biométrie au Brésil

L’irruption sur le marché brésilien de systèmes d’identification des bovins par imagerie boostés par l’intelligence artificielle met la filière en ébullition.

La jeune société KeroW a développé, au Mato Grosso du Sud, au Brésil, un système d’identification des bovins par imagerie 2-D de la tête, des flancs, de la partie arrière et des mamelles des animaux.

Notre parti pris pour la 2-D rend cette technologie moins onéreuse que celles basées sur de l’imagerie 3-D et elle est plus fiable que celles limitées à la seule reconnaissance faciale.

Fabrício Weber, cofondateur de KeroW

Le projet de KeroW est né en 2020 du besoin de répertorier un demi-millier de bovins d’une race autochtone de la région de marais du Pantanal, en vue de la conservation de son patrimoine génétique. Le prototype de logiciel mis au point par Fabrício Weber et ses associés a été suffisamment concluant pour permettre à ceux-ci de créer leur société, qui vise désormais le marché brésilien des systèmes d’identification dans son ensemble, soit 234 millions de têtes.

Progrès de bien-être animal indéniable vis-à-vis des méthodes traditionnelles telles que le marquage au fer ou les tatouages, la biométrie appliquée à l’identification des bovins contribuerait à garantir la traçabilité de la viande. Surtout, elle ferait gagner du temps aux éleveurs brésiliens qui n’auraient plus à immobiliser individuellement leur bétail pour lui enfiler des boucles ou le marquer au fer. 

Antônio Pitangui de Salvo, président de la Fédération agricole du Minas Gerais

Un système basé sur l’iris des bovins

Simultanément, un autre système d’identification fondé sur la biométrie, cantonnée, elle, à celle de l’iris des bovins, est testé depuis mai 2022 par la Confédération nationale de l’agriculture (CNA), un puissant syndicat d’agriculteurs brésiliens. Il serait même en voie d’homologation par le ministère de l’Agriculture du Brésil, selon le président de la Fédération agricole du Minas Gerais (FAEMG), Antônio Pitangui de Salvo.

La traçabilité systématique des bovins au Brésil, telle que l’exige l’Union européenne (UE), par exemple, est très difficile à assurer à court terme. Le bouclage des animaux sur notre immense territoire représente un vrai surcoût. Donc, nous testons ce système alternatif basé sur la biométrie de l’iris, comme ceux utilisés aujourd’hui sur les humains dans les aéroports.

Antônio Pitangui de Salvo, président de la Fédération agricole du Minas Gerais
Helvêcio Oliveira juge que la biométrie employée sur les bovins « est une technologie extrêmement innovante, mais complémentaire et non substitutive aux boucles et puces électroniques ».

À ce jour, l’identification des bovins au Brésil reste facultative et limitée au circuit SISBOV où sont inscrites les fermes agréées pour l’export vers l’UE.

Le Brésil est le premier exportateur mondial de bœuf avec 2,3 millions de tonnes de viande écoulées en 2023 pour 10,5 milliards de dollars US, selon l’Association brésilienne des industries exportatrices de viande bovine. Il compte un cheptel bovin national de 234 millions de têtes, selon l’Institut brésilien de géographie et de statistiques.

L’expert en élevage de bovins Helvêcio Oliveira juge que la biométrie « est une technologie extrêmement innovante ». « Mais imaginez un instant une grande ferme avec mille têtes de bétail identifiées seulement par la biométrie. Les vachers [techniciens en santé animale] seraient complètement perdus! Il s’agit d’un moyen complémentaire. Les boucles et les chips ont encore de beaux jours devant eux », conclut-il.