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QUÉBEC — La Chine pourrait mettre une dizaine d’années avant de se remettre de l’épidémie de peste porcine africaine (PPA) et son industrie ne se relèvera que partiellement de cette crise. C’est là l’une des prédictions que l’analyste américain Brett Stuart, président de Global AgriTrends, a exposées aux 1 100 participants du Porc Show, le 11 décembre. Il souligne que les opportunités seront importantes pour les industries canadiennes et américaines, si toutefois l’Amérique du Nord reste elle aussi exempte de la maladie.
Plus de 220 millions de porcs
Officiellement, la Chine n’a déclaré que 200 foyers de PPA sur son territoire et la perte de 40 % de son cheptel porcin. L’information réelle est difficile à obtenir, mais Brett Stuart estime plutôt à 50 % la part du cheptel décimée, soit plus de 220 millions de porcs. « Ça veut dire que plus d’un quart du troupeau mondial a disparu, peut-être même un tiers », a souligné M. Stuart.
Et l’épidémie porcine n’est pas près de se résorber. En Chine, l’effet de rareté a fait augmenter le prix des porcs à 300 $ la tête, ce qui représente une somme significative pour les villageois chinois. « Quand les prix élevés arrivent, tout le monde agrandit [son élevage], a raconté l’analyste. En Chine, tout le monde essaie d’agrandir, mais le virus est profondément implanté, alors les gens prennent des risques. Le gouvernement chinois dit d’attendre six mois avant de se repartir, mais à 300 $ de profit, les gens le font tout de suite, ce qui empire l’épidémie. » Dès janvier, les pertes pourraient atteindre 65 % du troupeau chinois, croit-il.
32 millions de tonnes de porcs manqueront
En 2020, la Chine devra importer « massivement » ce que la PPA ne lui permettra pas de produire, soit 32 millions de tonnes de porcs. Or, en 2018, les exportations mondiales n’ont atteint que 8,7 millions de tonnes. Cela ne suffira pas à combler à court terme la demande du géant chinois. Les industries canadiennes et américaines pourraient y voir des opportunités d’augmenter leurs parts de marché, principalement dans un scénario où les tarifs américains seraient levés, puisqu’au Québec le prix du porc est basé sur celui de la carcasse américaine. Tout cela à condition que la PPA n’arrive pas en Amérique du Nord. Dans ce cas, indique Brett Stuart, les pays importateurs fermeraient leurs frontières aux porcs canadiens et américains, et ce, même la Chine.
Brett Stuart calcule que même à long terme, la Chine continuera de dépendre des importations mondiales. « Disons qu’on découvre un vaccin à la PPA et que dans 10 ans, la Chine reconstruit 70 % de ce qu’elle avait avant. Ce serait très optimiste, mais disons qu’ils le font. Les 30 % restants, ça fait 16 millions de tonnes à importer, soit le double de ce qui est [mondialement] exporté en ce moment, a expliqué Brett Stuart. Personne ne sait où ça va s’en aller, mais je peux vous dire […] que ça va tout changer au cours des années à venir. »
Les autres viandes
Dès 2020, l’analyste estime que les achats porcins chinois sur le marché mondial augmenteront réalistement de 2,1 à 3,2 millions de tonnes. Le pays importera également 12 G$ de bœuf pour compenser l’écart. Selon l’expert, la consommation de poulet n’augmentera pas à court terme, puisque celui-ci est considéré comme étant la « viande du pauvre », mais pourrait connaître une croissance dès 2021.