Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Depuis 25 ans cette année, UPA Développement international (UPA DI) mise sur la ferme familiale pour soutenir une croissance économique équitable.
« C’est devenu un réel engagement de l’UPA en faveur des organisations agricoles des pays moins favorisés. On reçoit autant qu’on donne, explique Marcel Groleau, président de l’UPA. On investit dans les humains; c’est pour ça qu’on crée des liens. » Il se dit d’ailleurs « épaté » de constater régulièrement qu’UPA DI est reconnue et appréciée dans plusieurs pays du monde.
« Si on ne se rapproche pas des autres agricultures familiales, on risque d’avoir de la difficulté à défendre la nôtre », lance André D. Beaudoin, qui a dirigé UPA DI dès ses débuts en 1993 (l’organisation se nommait alors Corporation de développement international de l’UPA). En fait, une première mission exploratoire avait été réalisée en 1990, au Burkina Faso, et le premier financement avait été accordé par l’Agence canadienne de développement international (ACDI) en 1992. « C’est moi qui suis allé ouvrir ce projet-là », raconte celui qui est parti en Afrique deux ans, avec sa famille, peu après la fin de son implication comme élu au sein de l’exécutif de l’UPA.
Pendant à peu près 10 ans, UPA DI se consacre à l’appui des mécanismes de mise en marché au Burkina Faso, au Mali et au Salvador et donne des appuis techniques (analyses de marché).
« Après ces premiers projets, on se rend compte qu’il faut que les producteurs à la base prennent conscience de la nécessité de ce service », raconte André D. Beaudoin, qui ajoute que cette prise de conscience permet de gagner énormément de temps par la suite.
L’implication des producteurs de la base donne des résultats à long terme. Au Sénégal, par exemple, une coopérative de production de semences de riz est logée au sein d’une organisation de producteurs, la Fédération des périmètres autogérés, qui permet aujourd’hui de produire 16 % du riz du pays. Le Sénégal est aujourd’hui autosuffisant à 70 % en riz, alors que 90 % de cette céréale était importée il y a 10 ans. UPA DI a participé à cet élan souhaité par le gouvernement sénégalais.
Grandes entreprises et fermes familiales
« Les agriculteurs de ces pays évoluent de la même façon que nous et pour les mêmes raisons », explique le secrétaire général, qui estime que les problèmes des fermes familiales des pays en développement ressemblent plus qu’on le pense à ceux d’ici. De nombreuses petites fermes de poulets d’Afrique, par exemple, sont tombées une après l’autre lorsque le poulet européen est arrivé à prix de dumping.
Des agriculteurs africains ont d’ailleurs été sensibilisés à la gestion de l’offre, et cela a permis certaines « alliances », qui ont notamment été utiles pour le Québec lors de la négociation de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à Hong Kong en 2005. Un des négociateurs du Niger était justement au fait de l’intérêt de la gestion de l’offre et il était présent à la table de négociations, ce qui n’était pas le cas des représentants du Québec.
Se regrouper permet aux producteurs d’avoir la même capacité que les grandes entreprises d’accéder aux marchés. André D. Beaudoin observe que sans cette union complète d’une filière, les producteurs se divisent habituellement en trois groupes : très gros producteurs proches de l’industrie et du politique, fermes familiales moyennes et tout petits producteurs laissés à eux-mêmes. Cette division empêche les filières de s’organiser de la façon la plus efficace possible. Des fédérations de producteurs existent d’ailleurs en Afrique, où les structures locales et nationales sont même regroupées par grande région du continent.
Souvent, les très grandes entreprises produisent sur de grandes superficies, sur les meilleures terres et proche des marchés les plus lucratifs. « Les fermes familiales sont partout, sur les petites surfaces. Avec le réchauffement du climat, on ne peut pas se permettre de ne pas produire partout », insiste André D. Beaudoin, qui fait valoir que 80 % de l’alimentation mondiale provient déjà de l’agriculture familiale. La majeure partie du riz, par exemple, est cultivée sur des terres de moins d’un hectare.
Regroupement de l’expertise André D. Beaudoin ne croit pas aux regroupements seulement pour les agriculteurs, mais aussi pour les organismes de développement international qui ont une expertise agricole au Québec. « Je pense que la coopération va fondamentalement changer dans les prochaines années », estime le secrétaire général, qui souhaite convaincre différentes organisations (La Coop fédérée, le Centre d’insémination artificielle du Québec, Valacta, la Financière, etc.) de faire des offres de services groupées qui permettraient d’aller chercher le meilleur de l’expertise québécoise. Celle-ci est d’ailleurs « assez unique », notamment en ce qui concerne les outils collectifs. |