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L’appétit pour les légumes africains cultivés dans les champs du Québec est loin d’être assouvi. De petits producteurs qui se sont lancés dans cette culture spécialisée au cours des dernières années n’arrivent pas à répondre à la forte demande de leurs clients, pour la plupart des immigrants avides de retrouver les saveurs de leur pays d’origine.
Le producteur maraîcher Edem Amegbo, de la ferme bio Au Jardin d’Edem, à Farnham en Montérégie, consacre actuellement 30 % de ses cultures aux légumes africains et souhaite faire augmenter cette proportion à 50 % l’an prochain. Les okras (ou gombos), les aubergines et épinards africains, les piments forts, les corètes potagères et l’oseille africaine partent comme des petits pains chauds à sa ferme, constate le producteur originaire du Togo.
Et si le cœur de sa clientèle se compose d’immigrants, il remarque depuis les dernières années que de plus en plus de Québécois veulent découvrir de nouvelles saveurs. De nombreux voyageurs qui recherchent le goût des plats qu’ils ont mangés en Afrique font aussi partie de sa clientèle.
Hamidou Maïga, originaire du Niger et fondateur de la coopérative agricole Hamidou Horticulture, produit des semences et des légumes africains principalement en serre sur l’île de Montréal. Le milieu de la restauration et de la transformation constitue pour lui une autre part de marché. Des légumes comme les okras, entre autres exemples, sont utilisés dans la confection de sauces.
Compétition avec du congelé
C’est en grande partie pour suppléer une offre qui ne se trouvait que dans les congélateurs des grandes épiceries que les producteurs interrogés par La Terre ont commencé à faire pousser des légumes ethniques dans leurs champs. « Nous avons commencé à temps partiel en 2017 sur une petite parcelle de terre, en gardant notre emploi respectif. Puis, cette année, ça marche si bien que j’ai pu m’y consacrer à 100 % et mon associé fera de même l’an prochain », mentionne Papy Bulembi, président et cofondateur d’AgriTropiQ, une ferme maraîchère installée à Notre-Dame-de-l’Île-Perrot, en banlieue de Montréal. Originaire du Congo, le producteur a démarré son entreprise pour répondre à une demande qu’il juge encore non comblée pour des légumes africains frais dans la région. La jeune entreprise prévoit passer de trois hectares de cultures de légumes africains cette année à huit hectares la saison prochaine afin de satisfaire plus de 300 familles inscrites pour recevoir ses paniers de légumes.
Nouvelles variétés à venir
L’aventure avec les fruits et les légumes exotiques nécessite toutefois plusieurs essais et erreurs. En effet, si les épinards africains et les aubergines s’adaptent relativement bien au climat québécois, d’autres ont besoin d’une plus longue période de chaleur pour s’épanouir, explique Edem Amegbo. Dans ses projets d’expansion, il veut essayer de faire pousser de nouvelles variétés de légumes pour diversifier son offre. Et ce ne sont pas les choix qui manquent. « Mes clients, qui proviennent de différentes régions d’Afrique, n’arrêtent pas de me demander : « Quand est-ce que tu vas faire pousser ça? » Mais je ne peux pas tout faire pousser. Je dois choisir les légumes qui sont rentables et qui s’adaptent bien au climat », souligne M. Amegbo.
Obstacles et occasions à saisir Le climat frais du Québec qui limite la période de production, la difficulté à obtenir des semences par l’importation et des pesticides inexistants pour ce type de cultures non traditionnelles constituent les principaux obstacles à la production des végétaux ethniques au Québec, selon une étude réalisée en 2013 par la Table filière des productions maraîchères. Or, selon cette même étude, les importations canadiennes de certains légumes ethniques (choux chinois, choux-raves, patates douces, okras, rapinis et aubergines) en provenance d’autres pays producteurs ont doublé de 2006 à 2010, ce qui révélait déjà, à l’époque, le potentiel de développement pour ces marchés au Québec. Pour que les producteurs de légumes ethniques se fassent un chemin plus rapidement sur les tablettes des épiceries, l’étude leur suggère de miser sur les produits les plus recherchés, de créer des liens commerciaux avec les détaillants spécialisés en travaillant sur la qualité des produits tout en restant compétitifs relativement au prix, et, à plus long terme, d’envisager des partenariats avec des intervenants du secteur de la transformation pour pouvoir conditionner des produits et les offrir à l’année longue (marinés, congelés, en conserve, etc.). |