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Le milieu agricole canadien s’inquiète du sort de ses exportations au lendemain de l’élection de Donald Trump, qui a promis d’imposer des tarifs sur tous les produits qui entreront aux États-Unis.
Rejoint par La Presse Canadienne, le président de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Martin Caron, précise toutefois que ses appréhensions étaient présentes nonobstant le résultat. « D’un bord comme de l’autre, on savait qu’il y avait un côté protectionniste, parce que dans les deux plateformes [électorales], on parlait d’America First. »
70 G$
Cependant, les intentions tarifaires du nouveau locataire de la Maison-Blanche suscitent des craintes bien précises. Martin Caron souligne que 70 % des exportations agricoles canadiennes sont destinées aux États-Unis, ce qui représente, selon les données de 2023, tout près de 70 G$ par année. D’éventuels tarifs auront certainement un impact, dit-il.
Les exportations canadiennes comprennent les céréales, les légumes, la production horticole, les bovins, le porc, « mais il y a aussi des produits qui sont transformés et qui sont exportés à l’extérieur », rappelle-t-il. Des tarifs sur ces produits en feront augmenter le prix, ce qui risque, évidemment, de les rendre moins attrayants pour les consommateurs américains. Il s’agirait alors d’un revirement ironique, alors que l’augmentation du coût de la vie est l’une des raisons pour lesquelles les Américains ont choisi Donald Trump plutôt que Kamala Harris. Cette dernière est associée au gouvernement Biden sous lequel l’inflation a explosé comme partout ailleurs dans le monde à la même époque.
Les producteurs agricoles sont également inquiets par le fait que l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) doit être soumis à une révision en 2026. « Ç’a été mentionné par les républicains qu’ils voulaient revoir ça assez largement. C’est certain qu’on a une inquiétude de ce côté-là, au-delà des tarifs », explique le président de l’UPA.
Brèches dans la gestion de l’offre
Comme chaque fois qu’il est question de négociations commerciales, les producteurs craignent de voir de nouvelles brèches dans le système de gestion de l’offre qui contrôle la production, les prix et les importations dans les productions de lait, de volaille et d’œufs. « Dans les 15 derniers traités qu’on a eus entre le Canada et d’autres pays, il y en a 12 qui n’ont pas eu d’impact sur nos produits, sur la gestion de l’offre. Mais plus récemment, il y en a eu trois qui ont ouvert des brèches, dont l’accord entre le Canada, les États-Unis et le Mexique. » L’UPA soutient que les brèches successives dans le système de gestion de l’offre ont fait perdre des milliards de dollars à l’industrie.
« Ce n’est pas pour rien qu’on veut voir le projet de loi C-282 adopté le plus rapidement possible au Sénat parce qu’on ne peut pas mettre à risque nos entreprises agricoles », lance Martin Caron. Ce projet de loi, proposé par le Bloc québécois et appuyé par le gouvernement, est présentement bloqué au Sénat après avoir franchi l’étape des trois lectures au Parlement. Il vise à soustraire de toute négociation commerciale le système de gestion de l’offre.
Il rappelle que pas moins de 40 % des entreprises agricoles du Québec œuvrent dans les secteurs sous gestion de l’offre. « On veut que, rapidement, ce projet de loi soit mis en force pour s’assurer que nos négociateurs n’utilisent pas le système de gestion de l’offre pour ouvrir ou faire des brèches dans ce système-là comme ils ont fait sur les dernières années », insiste M. Caron.
« On parle d’autonomie, de sécurité alimentaire », fait-il valoir tout en montrant du doigt le fait que « les Américains protègent leurs productions eux aussi, [comme le coton et le sucre, entre autres]. »
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