Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
LONGUEUIL — « Ici, tout le monde est scandalisé par nos nids de poule, mais là-bas, ils ont des cratères! » a lancé d’entrée de jeu le producteur laitier Christian Joncas en se remémorant la corvée effectuée en Haïti à l’invitation d’UPA Développement international (UPA DI).
L’équipe de 10 bricoleurs québécois dépêchée pendant deux semaines en décembre a apporté un témoignage, le 8 mars, lors d’une conférence devant le personnel de la Maison de l’UPA. Première constatation : les déplacements quotidiens n’étaient pas de tout repos entre Labrousse et les villages de montagne où ils devaient bâtir des toits sur des maisons dévastées par l’ouragan Matthew à l’automne 2016.
Christian Joncas s’est d’abord esclaffé en revoyant la photo du camion dans lequel tout le groupe devait s’entasser en plus d’autres Haïtiens. Le chemin était si cahoteux que les Québécois préféraient rentrer à pied pendant une heure après leur journée de travail sous le soleil. « De toute façon, le camion avançait presque à pas d’homme, a souligné Jean Cantin, un agronome retraité du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec [MAPAQ]. Il n’était pas non plus question de retourner dîner à l’auberge le midi. »
Adaptation nécessaire
Le producteur acéricole Claude Guérard a souligné qu’une adaptation avait été nécessaire dans les premiers jours pour s’entendre sur les méthodes de travail et ainsi gagner la confiance des Haïtiens. « Ça nous a pris trois jours pour faire le premier toit et à la fin, on en faisait trois par jour », a illustré son confrère Jean Cantin.
« C’était à recommencer chaque fois, a poursuivi Normand Gauvin, un producteur maraîcher à la retraite. Aucune bâtisse n’était pareille et aucune n’était à l’équerre. » Lorsque les batteries de leurs outils tombaient à plat en cours de journée, les bricoleurs devaient s’en remettre à leurs mains, comme les Haïtiens qui déchiraient la tôle. L’agriculteur Patrick Côté Collin a d’ailleurs l’intention de se servir de ces nouvelles techniques. « Le transfert de connaissances s’est fait dans les deux sens », s’est-il réjoui.
Des matériaux qui apparaissent
Lorsque des matériaux venaient à manquer, Christian Joncas s’amusait d’en voir apparaître. C’est que certains morceaux de bois avaient été cachés dans des cabanes ou sous des feuilles de palmiers. « Eux autres, ils souhaitaient qu’on termine leur maison, mais ils espéraient qu’il reste des morceaux pour pouvoir les troquer et avoir un peu d’argent », a raconté le producteur laitier, qui a été charmé par le côté taquin et rieur de la population locale.
Le secrétaire général d’UPA DI, André D. Beaudoin, a louangé les participants de la corvée, dont le dévouement a touché les Haïtiens. « Ils étaient fascinés par le fait que des gens décident ensemble de venir les appuyer », a-t-il rapporté. Des pourparlers sont en cours pour renouveler l’expérience, mais rien n’est encore décidé. Des dons pour aider à la reconstruction continuent toutefois d’être récoltés.
Pour faire un don, cliquez ici.