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Les ministres des trois pays de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) se rencontrent à nouveau cette semaine à Washington dans une ultime tentative de dégager une entente. Une alliance inhabituelle entre le leader démocrate du Sénat et le leader républicain de la Chambre des représentants rend cette dernière ligne droite inquiétante pour les producteurs de lait et la gestion de l’offre.
Le secrétaire américain au Commerce, Robert Lighthizer, a dit vouloir une conclusion rapide des pourparlers, sans quoi l’approbation par un Congrès à majorité républicaine pourrait se trouver sur une « une glace mince » en raison de l’élection de novembre. Le but serait donc de faire approuver l’ALENA par le Congrès après l’élection de novembre et avant que les nouveaux sénateurs ou représentants soient assermentés en janvier.
Pour ajouter à la pression, la menace des tarifs sur l’acier et l’aluminium plane d’ailleurs toujours sur le Canada et le Mexique alors que l’administration Trump se donnait jusqu’au 1er mai pour prendre une décision dans ce dossier.
Jeux de pouvoir à Washington
Le jeu de pouvoir au Congrès, qui doit approuver un possible accord, sera déterminant pour toute forme de compromis pour l’ALENA et une alliance en particulier est inquiétante pour la gestion de l’offre, et surtout pour le secteur laitier canadien.
Deux poids lourds de la politique américaine – le président de la Chambre des représentants, Paul Ryan (Wisconsin), et le leader démocrate au Sénat, Charles Schumer (New York) – ont trouvé un ennemi commun. Les deux adversaires politiques, l’un républicain, l’autre démocrate, travaillent maintenant main dans la main dans le but de démanteler la gestion de l’offre.
Les deux parlementaires reprochent au système canadien ses « pratiques commerciales injustes » et la qualifient de « fléau » responsable des misères de l’industrie laitière des États-Unis. Ces adversaires politiques ont dans leur mire les ingrédients laitiers de la classe 7, créée en février 2017 pour contrecarrer les importations massives de lait diafiltré en provenance des États-Unis. Charles Schumer et Paul Ryan souhaitent maintenant profiter de l’actuelle renégociation de l’ALENA pour provoquer une importante brèche dans le « mur laitier » du Canada.
Des raisons pour « s’énerver un peu »
Bien qu’il ait annoncé son départ de la vie politique cet automne, Paul Ryan demeure un « incontournable de la classe politique américaine », explique Donald Cuccioletta, chercheur associé à la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques. En digne représentant de l’État laitier du Wisconsin, M. Ryan, l’homme le plus puissant après le président dans la hiérarchie de Washington, a toujours été farouchement opposé à la gestion de l’offre.
Pour sa part, le sénateur new-yorkais Schumer veut plaire aux électeurs ruraux de son État, croit l’expert en politique américaine. L’alliance surprise entre « ces deux personnes qui sont comme le feu et l’eau » démontre l’importance de la pression que subit actuellement la gestion de l’offre, estime M. Cuccioletta. À son avis, les producteurs de lait du Canada « ont le droit de s’énerver un peu ».
« Ce n’est pas négligeable et ça démontre que les Américains veulent une entente », affirme pour sa part John Parisella, ancien délégué général du Québec à New York. Selon les informations recueillies par l’analyste politique, la grande majorité des chapitres de l’ALENA 2.0 « a été initialée ». La gestion de l’offre figure parmi les derniers dossiers litigieux.
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