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Alors que l’Europe, qui fait face à des éclosions de grippe aviaire sans précédent dans les élevages de volailles, vient d’amorcer des projets pilotes de vaccination pour les espèces les plus à risque comme les palmipèdes, le Québec n’envisage pas cette possibilité à court terme.
Dans une conférence sur le sujet, prononcée le 14 septembre, le vétérinaire et professeur à l’Université de Montréal Jean-Pierre Vaillancourt, spécialiste de la grippe aviaire, signalait que la vaccination des troupeaux de poulets était « impensable » à court terme, vu la quantité d’oiseaux « à injecter » et le manque de main-d’œuvre pour le faire.
Le Canada aurait également « une masse critique d’oiseaux » trop faible comparativement à l’Europe ou aux États-Unis pour intéresser les compagnies pharmaceutiques au marché. « Il faudrait peut-être revoir les règles pour que ces compagnies, qui techniquement ont déjà un vaccin prêt pour les États-Unis, n’aient pas à reproduire le long processus d’homologation pour la commercialisation au Canada, car ça pourrait nous faire manquer le bateau, alors que d’autres vont y avoir accès », a-t-il indiqué aux producteurs de volailles qui assistaient à la conférence organisée par l’Association québécoise des industries de nutrition animale et céréalière.
Prioriser les oiseaux à plus haut risque
Denis Archambault, vétérinaire spécialisé en virologie et immunologie animale et professeur de biologie à l’Université du Québec à Montréal, est bien placé pour confirmer qu’un vaccin peut fonctionner pour contrôler la maladie, puisqu’il a développé, de 2017 à 2022, un prototype efficace contre plusieurs souches de la grippe aviaire, rapporte-t-il. Le projet, qu’il a mené en collaboration avec deux autres laboratoires, dont celui de l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA), à Winnipeg, avait obtenu un financement de la Fondation Bill & Melinda Gates, mais a toutefois été tabletté faute de subvention supplémentaire pour l’amener à une étape subséquente.
Il reconnaît toutefois que même avec un vaccin prêt à être développé, il y aurait d’autres défis, dont celui de trouver une compagnie pharmaceutique pour le commercialiser et celui d’établir une stratégie de vaccination économique dans les élevages. « Ce serait difficile, par exemple, de vacciner tous les poulets, alors qu’ils ne restent qu’une quarantaine de jours dans les bâtiments d’élevage. Il faudrait plutôt commencer par les populations qui sont les plus à risque, comme les canards et les oiseaux de basse-cour qui vivent dehors [et qui sont donc exposés aux fientes des oiseaux sauvages]. Ensuite, on pourrait peut-être étendre le programme aux poules pondeuses, puisqu’elles sont gardées plus longtemps [que les poulets] », évalue-t-il.
L’ACIA confirme que l’utilisation de vaccins pourrait être considérée comme un outil dans le programme de lutte contre l’influenza aviaire hautement pathogène lorsque les mesures traditionnelles de biosécurité ne suffiront plus à freiner la propagation de la maladie. Elle précise à ce titre collaborer avec la communauté internationale dans la recherche et les stratégies de vaccination.
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