Actualités 30 juin 2016

Fin de l’ASRA : « Le ministre est un irresponsable » – Pierre Lemieux

À peine quelques jours après le résultat du vote des producteurs, La Financière agricole du Québec a réuni son conseil d’administration afin de mettre officiellement fin au programme d’assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA) pour les productions de maïs, de soya et de pommes de terre.

Ces dernières seront plutôt couvertes par les programmes Agri-Québec et Agri-Québec Plus. Cette décision du 29 juin libère une somme de 68 M$ qui sera versée rétroactivement aux producteurs pour les années 2014 et 2015.

Jour triste

« On vient de mettre fin au programme qui a permis le développement de la filière grain, qui a mené le Québec à l’autosuffisance pour l’alimentation animale et qui a permis de développer le grain de consommation humaine. Même chose pour la pomme de terre. C’est un jour triste pour l’agriculture », commente d’emblée Pierre Lemieux, 1er vice-président de l’Union des producteurs agricoles (UPA).

Pour M. Lemieux, il est clair que le ministre de l’Agriculture n’avait qu’un objectif : faire disparaître l’ASRA. Celui-ci a donc « forcé les producteurs » à choisir entre une ASRA qui n’interviendrait pas au début d’une période de bas prix (à cause des arrimages cumulés) et les programmes Agri qui fourniront des versements en cette période de prix intéressants, mais qui interviendront peu ou pas lors d’une période prolongée de bas prix.

« C’est inquiétant que le conseil d’administration de la Financière ait décidé si facilement du sort d’un programme si important. Pourtant, nous lui avions soumis des nuances importantes quant au vote des producteurs. Nous avions aussi mentionné des éléments juridiques qui demandaient une certaine prudence [ndlr : les tribunaux jugeront prochainement si l’ASRA est une assurance ou un programme]. Mais la vérité, c’est que le conseil d’administration avait probablement la directive du ministre de voter au plus vite la fin de l’ASRA et lui, il s’en lave les mains », analyse M. Lemieux.

Les représentants de l’UPA et des fédérations affiliées concernées demandaient une année de sursis, le temps de montrer que les deux programmes (ASRA et Agri) pouvaient cohabiter, ce qui leur a été refusé. Ceux qui sont membres du conseil d’administration de la Financière se sont abstenus de voter afin d’affirmer leur « dissidence » face à « un dossier incomplet ».

Chose certaine, le 1er vice-président de l’UPA avait beaucoup de mal à cacher ce qu’il pensait du ministre. « Le ministre de l’Agriculture doit penser au développement durable des entreprises de grains et de toute cette filière. C’est sa responsabilité, mais il n’a pas fait la job, dit-il. Il n’a même pas demandé une analyse de l’impact de cette décision sur les entreprises agricoles. » Et du même souffle, il conclut : « Le ministre est un irresponsable! »