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Deux jours après le drame qui a emporté le producteur de porcs Alain Beaudry, 53 ans, et son employé Anthony Lalumière, 18 ans, à Saint-Valérien-de-Milton, le fils du producteur, Billy Beaudry, se confie à la Terre.
« Ma sœur Cindy est allée voir mon père à la porcherie. Elle a constaté qu’il n’y avait aucun bruit. Elle a pris une lampe de poche pour regarder dans la préfosse et elle a immédiatement composé le 911. » Tout porte à croire que les deux hommes sont tombés tour à tour inconscients dans la préfosse, qui a huit pieds de profondeur, asphyxiés par un gaz toxique inodore, le sulfure d’hydrogène. L’accident serait survenu une quinzaine de minutes avant la découverte par Cindy, le mardi 27 septembre vers 15 h.
« Mon père voulait changer un collet sur un tuyau raccordé à la pompe, explique Billy. Il avait demandé à Anthony de l’accompagner en restant en haut au cas où il arriverait quelque chose. Il n’a pas eu le temps de descendre complètement avec l’échelle. Il aurait perdu conscience avant d’arriver en bas. »
Une combinaison de facteurs
Les Beaudry exploitent trois sites de production porcine dans cette municipalité de la Montérégie, en plus de cultiver de grandes superficies en céréales. Ils ont acheté cette porcherie du 1213, chemin Saint-Dominique il y a cinq ou six ans. Pour Billy, le premier problème réside dans la conception des lieux. Il juge la pompe mal placée, s’il la compare à celle qu’on trouve dans les autres porcheries.
Les conditions atmosphériques n’étaient pas non plus de leur côté. « Mon père et moi sommes descendus plusieurs fois sans aucun problème, souligne Billy. Les services d’urgence m’ont dit que probablement en raison de la pression atmosphérique qui était basse mardi, le gaz est demeuré dans la préfosse. »
Il admet que certaines précautions auraient pu être prises. « C’est certain qu’il faut prendre le temps de penser à une solution en cas d’urgence, ce qui n’a pas été le cas. Si mon père avait porté un harnais, comme on en porte toujours quand nous travaillons en hauteur, il aurait pu être remonté par Anthony. » L’entreprise ne possédait pas de détecteur de gaz, une situation qui va être révisée, selon Billy. L’homme endeuillé tenait à remercier Mathieu Deslandes et son équipe des services d’urgence pour avoir tout essayé. Les funérailles d’Anthony Lalumière se tiendront le samedi 1er octobre à Saint-Valérien-de-Milton. Pour M. Beaudry, la cérémonie aura lieu le samedi 8 octobre.
Deux hommes appréciés
Anthony Lalumière venait tout juste de terminer son secondaire. « Il était un bon travaillant, toujours souriant », confie Billy. En plus d’être à la tête d’une entreprise imposante, Alain Beaudry était membre de l’exécutif du Syndicat des producteurs de grains du Québec.
La mairesse de Saint-Valérien-de-Milton, Raymonde Plamondon, elle-même ancienne productrice de porcs, connaissait très bien M. Beaudry d’abord pour avoir siégé à différents niveaux dans les syndicats de base de l’UPA et comme concitoyen. « Alain, c’était un bon vivant, sympathique, généreux. C’était quelqu’un qui était apprécié dans le milieu. Quand j’avais à travailler avec lui, il était toujours à l’écoute des autres. »
Yves Charlebois