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Un agronome peut jouer un rôle déterminant dans une recherche de performance d’une terre agricole. Comment? Par une analyse précise et méticuleuse des sols.
L’agronome Alex Couture aime toujours commencer son travail chez un producteur par une promenade dans ses champs vers la fin de l’été ou en début d’automne. En étudiant les cultures prêtes à être récoltées, il peut déterminer rapidement où ses interventions feront une différence, souligne l’expert-conseil de la région de Bécancour.
« La façon la plus efficace pour augmenter la moyenne de champ, c’est d’identifier le problème des zones les moins productives. Juste avec ça, le rendement augmente. Ensuite, on travaille vraiment sur la totalité du champ pour aller chercher plus de potentiel », explique-t-il.
L’agronome dispose d’une vaste boîte à outils technologiques pour dénicher ces zones à problèmes. L’imagerie satellite et les volumes géoréférencés des récoltes, recueillis par les producteurs, lui fournissent notamment des indicateurs précieux pour brosser un portrait clair de la situation.
« Chaque jour, le satellite prend une photo au-dessus du Québec. Je suis capable de voir le champ et les différentes couleurs qui m’indiquent le pourcentage de couvert végétal. Je sais tout de suite où se trouvent les moins belles zones. Je peux m’y diriger avec un GPS pour étudier la problématique », dit M. Couture.
Une fois sur place, ce dernier s’attardera au développement des feuilles et des racines. « J’aime regarder la plante. C’est principalement par des observations qu’on réussit à choisir la bonne méthode et à voir ce qui manque dans chaque zone. »
Eau et sol
Le principal problème est assez facile à trouver, indique Alex Couture. Dans la majorité des cas, un drainage déficient ou un mauvais nivellement entraînent une grande compaction des terres.
Une analyse des sols plus approfondie lui permettra ensuite de pousser ses investigations. Par des prélèvements à intervalles réguliers, il découvrira peut-être un sol trop acide ou des carences en éléments fertilisants à certains endroits.
« Je prends habituellement 15 carottes de sol dans un champ de 10 hectares. Je les envoie ensuite au laboratoire qui fait une analyse moyenne de tout le champ. Mais quand j’isole chacune des 15 carottes, le pH peut passer de 6 à 7 et la potasse peut passer du simple au double entre deux zones. En précisant l’analyse, je fais les correctifs au bon endroit. En fin de compte, je mets moins de produits pour améliorer mon champ, mais je vais les mettre au bon endroit. »
Une sonde portative s’est d’ailleurs ajoutée à l’arsenal de l’agronome, ces dernières années. Il peut désormais obtenir une analyse de sol sur sa tablette en quelques secondes. « Ça me permet de rapidement valider mes observations. Avec l’analyse de mes carottes, je peux sortir une carte d’application à taux variable en l’espace de quelques minutes », affirme-t-il.
Par ces cartes d’application, M. Couture s’assure que les champs sont saturés d’éléments fertilisants. « Plusieurs plans de fertilisation sont faits un peu limite », déplore-t-il. « Par exemple, un plan prévoira 60 kg de potasse à l’acre si le maïs prélève ce volume en moyenne. Moi, poursuit-il, je veux que le garde-manger soit plein avant d’amener du monde à la maison. C’est la même chose dans les champs. Si la plante a plus de potentiel de rendement parce que l’été est plus chaud qu’à l’habitude, je dois m’assurer qu’il y a assez de potasse et de magnésium dans le garde-manger. »
L’agronome établira aussi des plans de rotation de cultures qui, au passage, serviront à diminuer le recours aux herbicides. « Je vais implanter du seigle à l’automne juste comme plante de couverture. Quand il se décompose, il empêche les mauvaises herbes de germer. En plus, je n’aurai pas besoin d’herbicide et j’aurai amélioré la santé de mon sol. »
La nature du sol
La source d’un rendement modéré peut aussi provenir du type même du sol. « Le sable, par exemple, est incapable de retenir l’engrais et il s’assèche plus facilement. Le développement de la plante en souffrira », souligne Alex Couture.
La solution? « Changer la texture de sol si possible. Quand les producteurs peuvent aller chercher de l’argile tout près, je fais des recommandations d’englaisement. C’est coûteux, mais c’est très efficace », assure-t-il.
Le doublement projeté de l’autoroute 55, entre le fleuve Saint-Laurent et l’autoroute 20, profitera d’ailleurs aux agriculteurs qui accepteront de recevoir la glaise extraite du chantier pour l’étendre sur leurs terres sablonneuses. « Le matériel et le transport ne leur coûteront rien. Et leur rendement augmentera d’au moins 25 % », conclut l’agronome.