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Quand il s’est mis à songer à l’idée de moderniser son étable il y a maintenant quatre ans, Daniel Hamelin faisait face à une contrainte majeure. Son bâtiment étant encadré par un chemin de fer et une route, il ne pouvait envisager une transformation impliquant un agrandissement du périmètre construit. La transformation allait donc se faire de l’intérieur. À la ferme Hamelin et Fils, on allait démontrer qu’en production laitière, il est possible de faire du neuf avec du vieux.
Daniel Hamelin a pris la relève de son père il y a quelques années. Mais déjà, dans les années 1980, il faisait sentir son influence dans les opérations, guidant son père vers la production laitière au détriment de la culture des petits fruits, aux revenus trop aléatoires. « Mon père se plaisait à dire que les quelques vaches que comptait la ferme alors servaient avant tout à produire le fumier nécessaire à fertiliser les champs de fraises. » Son implication a permis à la ferme d’amorcer un virage, sécurisant du même coup les revenus.
« Afin de nourrir le troupeau grandissant, nous avons fait l’acquisition de terres dans le voisinage, explique le producteur. Aujourd’hui, nous cultivons près de 200 hectares en maïs grain et maïs d’ensilage, en soya et en blé, en plus de mener divers essais, notamment dans le haricot. L’objectif que nous avons atteint est d’être autosuffisants dans l’alimentation du troupeau. » Ce dernier compte près de 115 têtes, dont 54 actuellement en lactation.
Il y a quatre ans, l’attrait du nouveau a recommencé à démanger Daniel Hamelin. « L’automatisation et la robotisation m’attiraient. Comme je voulais en savoir plus à ce sujet, je me suis donc mis à la visite de fermes équipées de telles installations. » Son défi consistait à trouver la bonne configuration, un système qui pourrait se glisser dans le bâtiment existant.
Puisque l’heure du changement avait sonné, le producteur a inclus dans sa réflexion le passage d’une étable où les vaches étaient entravées vers une étable à stabulation libre. « Je pense que la stabulation libre représente une norme d’avenir. Nous voulions libérer notre horaire comme producteurs, mais aussi permettre aux animaux de se déplacer plus librement. »
La solution retenue gravite autour d’un robot de traite. Le passage à la stabulation libre a nécessité la démolition de la dalle de béton, une opération menée en présence des animaux. Profitant d’un minimum d’espace disponible au sol, l’étable a pu être prolongée de cent pieds. Pour le reste, les réaménagements ont été réalisés à l’intérieur de l’étable existante.
« Les travaux ont été faits dans le bruit et la poussière, quelquefois à dix pieds des vaches, mais elles ont fini par s’habituer », témoigne le producteur. Ce dernier admet toutefois que la production de lait a glissé légèrement durant ces travaux, signe du stress subi par le troupeau.
Les travaux se sont échelonnés de juillet à décembre 2011. Dès le mois d’octobre, les vaches ont fait connaissance avec le robot. « Deux ans avant d’entreprendre les travaux, nous avons établi un plan d’adaptation pour les animaux. Nous avons préparé les animaux à la transition vers la stabulation libre et le robot en ajustant leur alimentation et en soignant attentivement les pattes. » Le moment venu, l’introduction au robot a été menée sur une période d’un mois, avec la collaboration étroite d’un technicien de DeLaval, le manufacturier. En bout de parcours, seulement une vache, âgée de 13 ans, n’a pas pu se faire à la nouvelle méthode de traite.
« Avec le plan de match établi par le producteur, nous avons conçu l’étable en priorisant l’accès à l’alimentation, précise Sébastien Morissette, de l’entreprise Marcel Morissette, responsable de l’installation des équipements de cette exploitation. Cela signifie un trafic guidé avec présélection. Une vache peut quitter sa logette pour aller vers la zone d’alimentation quand bon lui semble. Dès lors, elle doit passer par une barrière intelligente. Ce dispositif déterminera si elle peut retourner vers l’aire de repos ou si elle doit passer par le robot. » Une des particularités de la ferme Hamelin est le contrôle de l’accès au robot. Une vache prête à la traite sera dirigée soit vers une aire d’attente ou directement au robot, par un accès prioritaire. Cette façon de faire assure que même les vaches les plus timides aient la possibilité d’y passer au moment opportun.
Présentement, avec 54 vaches en lactation, le robot ne connaît pas de surcharge de travail, puisque, selon le concessionnaire, l’équipement est en mesure de traire 65 vaches. Le fait de retourner les vaches qui ne sont pas prêtes à la traite vers leurs logettes sans passer par le robot permet également de le libérer.
Lors de notre visite, les laitières du troupeau donnaient en moyenne 30 litres de lait quotidiennement. Cette livraison reposait sur une moyenne de trois passages par jour à la traite. « Mon objectif n’est pas d’augmenter le nombre de visites, mais de maintenir ou même de faire progresser notre moyenne de dix litres par passage, explique Daniel Hamelin. Je pense qu’avec le temps, nous atteindrons de meilleurs résultats. »
La modification de l’étable a transformé les tâches du producteur et celles de son employé, Guillaume Marcotte. L’alimentation en fourrage est prise en charge par des convoyeurs, programmés pour une distribution toutes les quatre heures. Cela correspond au cycle optimal d’alimentation des vaches. Ce fourrage est complété par du maïs et des suppléments, accessibles par des postes d’alimentation. Le collier électronique porté par les ruminantes octroie à chacune d’entre elles une ration personnalisée. Les abreuvoirs sont situés en retrait, favorisant un déplacement des animaux afin qu’ils ne passent pas une période trop prolongée à ces stations.
Finalement, la litière est aussi livrée par un convoyeur. Avec ce système, il arrive que les vaches reçoivent un peu de litière sur le corps. Elles n’ont alors qu’à aller se faire nettoyer par la brosse mécanisée rotative prévue à cette fin. Somme toute, deux personnes peuvent aisément veiller sur le troupeau.
En fait, selon Daniel Hamelin, le fait d’automatiser la traite, l’alimentation et l’épandage de litière a complètement changé sa relation avec le troupeau. « Je compile les données parvenant du robot et des capteurs d’activité dans un bureau vitré surplombant le troupeau. Je peux maintenant passer du temps avec mes vaches uniquement pour être en leur compagnie, pas seulement quand il y a des problèmes. Je descends les voir, j’observe leur comportement, je valide les données des capteurs… bref, je passe plus de temps de qualité avec le troupeau. » Et puis, avec l’automatisation d’une grande partie des opérations, le producteur avait bien hâte de retourner aux champs au printemps, au moment de la rencontre.
L’investissement total du projet, tant pour la construction que l’équipement, atteint 900 000 $. Plus de 100 000 $ ont été économisés en raison de la récupération du bâtiment existant, malgré les contraintes.