Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
MAGOG – Pour arriver à franchir une forte pente avec ses tracteurs tirant des réservoirs de fumier, Jacques Lamontagne, un producteur agricole de Magog, en Estrie, a acheté, en 2019, de l’asphalte recyclé concassé pour mettre sur la partie problématique d’un chemin d’accès menant à ses terres. Cette idée lui a grandement simplifié la vie, mais n’est plus autorisée par le ministère de l’Environnement depuis la fin 2020.
Le producteur de volaille, de bœuf et de foin a reçu, le 11 juillet dernier, un avis de non-conformité à trois articles de la Loi sur la qualité de l’environnement, laquelle interdit le dépôt d’une matière granuleuse contenant un « enrobé bitumineux » en dehors « des zones de stockage, de traitement ou d’élimination » autorisées par le ministère. Conséquemment, il devra retirer l’asphalte recyclé concassé de son chemin d’accès d’ici novembre, sans quoi il s’expose à une amende pouvant aller jusqu’à 3 000 $.
Autorisation nécessaire
Puisqu’il a acheté l’asphalte concassé d’un fournisseur autorisé, c’est-à-dire qui détient les autorisations du ministère de l’Environnement pour revaloriser cette matière, M. Lamontagne a appris dernièrement qu’il aurait pu demander une autorisation. « [Le ministère] aurait pu faire des analyses pour m’autoriser ou non à utiliser cette matière, mais maintenant que je l’ai mise, c’est trop tard, je ne peux plus demander cette autorisation. Il faut juste que je l’enlève du chemin », regrette-t-il.
Ce qui l’agace dans cette situation, c’est qu’il a accordé, il y a quelques années, une servitude sur ses terres à la Ville de Magog pour la construction d’une piste cyclable. « C’est aussi en zone agricole, sur mes propres terres, mais pour la Ville, c’est possible de mettre de l’asphalte tout le long de la piste. Je trouve que souvent, c’est deux poids deux mesures envers nous, les producteurs agricoles. »
De son côté, le ministère de l’Environnement a précisé à La Terre, dans une réponse par courriel, que l’asphaltage d’une voie d’accès et l’utilisation de résidus d’asphalte recyclés sont deux choses distinctes. Ces derniers sont considérés « comme une matière résiduelle au sens de la Loi sur la qualité de l’environnement », car il y a présence possible de contaminants inorganiques comme des métaux et des métalloïdes ou de l’amiante, entre autres choses.
« C’est notamment pour ces raisons que, contrairement à l’utilisation de l’asphalte neuf (bitume) lors de la construction de routes, la valorisation de ce type de matière résiduelle (les résidus d’asphalte) est encadrée depuis le 31 décembre 2020 », précise Ghizlane Behdaoui, conseillère en communications et porte-parole régionale au ministère de l’Environnement.
Un détour plus coûteux et dangereux
En condamnant son chemin d’accès, M. Lamontagne devra plutôt passer à travers la Ville de Magog, notamment dans une zone scolaire et des quartiers résidentiels, ce qui allonge son parcours de 12 km. « S’il faut que je recommence à passer par là, ce sont les citoyens qui vont se plaindre parce que c’est dangereux. Et pour moi, ce sera deux fois plus long qu’en passant par mon chemin d’accès, où je ne dérange personne. Avec les coûts supplémentaires en temps et en carburant, ça ne vaut plus la peine. Je trouve ça désolant, car, en plus, je vais produire plus de gaz à effet de serre. Je me demande ce qui est le plus polluant entre les deux », se questionne-t-il.
Cet avis de non-conformité le désole tellement qu’il songe à abandonner sa production de bœufs et la culture de foin.