Environnement 31 mai 2024

Un plan pour réduire de moitié le phosphore dans la baie Missisquoi

Le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs vient d’octroyer un financement de 600 000 $ sur trois ans à l’Organisme de bassin versant de la baie Missisquoi (OBVBM), en Estrie, pour réduire de 55 % les sources agricoles et urbaines de phosphore rejetées dans cette baie.

Une grande partie du phosphore provient des engrais utilisés pour les cultures de maïs et de soya dans les bassins versants de cette région. Il contribue ensuite à l’éclosion de cyanobactéries dans l’eau, ce qui pose d’importants risques pour la santé humaine et limite l’accès à l’eau, précise l’OBVBM. 

Le gouvernement du Québec travaille d’ailleurs en collaboration avec l’État américain du Vermont, depuis 2016, pour atteindre la cible de 25 microgrammes de phosphore par litre d’eau dans ce plan d’eau commun. Actuellement, le niveau est deux fois plus élevé.

C’est l’agronome Louis Robert qui a été mandaté pour coordonner la mise en œuvre du plan d’action du côté québécois de la frontière, en collaboration avec les principaux acteurs de projet, dont l’OBVBM, les milieux municipaux et les producteurs agricoles, qui seraient environ 500 dans le bassin versant de la baie Missisquoi, spécifie le président de l’OBVBM, Pierre Leduc.

On est conscients que les producteurs ont aussi des contraintes et qu’on ne peut pas exiger des actions qui mettent à risque leur santé financière.

Pierre Leduc

Conscients des contraintes des producteurs

Cinq chantiers seront mis en place pour atteindre l’objectif, mais le président de l’OBVBM reconnaît que certaines de ces solutions représentent un défi dans le milieu agricole. « On est conscients que les producteurs ont aussi des contraintes et qu’on ne peut pas exiger des actions qui mettent à risque leur santé financière », indique-t-il. Ce dernier compte sur l’expertise et l’approche développé par l’agronome Louis Robert dans des dossiers similaires pour mobiliser les acteurs et trouver les meilleures solutions pour arriver à des résultats. « On espère aussi que le travail qui sera fait ici sera transposable ailleurs au Québec, dans les bassins versants où il y a les mêmes problèmes », souligne-t-il.

Le Vermont, qui compte une plus grande part du territoire bordant la baie Missisquoi, serait responsable d’environ 65 % de l’apport de phosphore, alors que la part du Québec est de 35 %, selon l’échantillonnage et les modélisations faits par l’OBVBM.

Cinq chantiers prévus

  • Réduire la teneur en phosphore des sols riches, en réduisant les apports de phosphore minéral, en réduisant à la source le phosphore des engrais de ferme et en privilégiant l’apport de fertilisants d’engrais verts de légumineuses; 
  • Couvrir les sols après la récolte et améliorer leur santé en favorisant l’accroissement des cultures sans travail du sol à l’automne, des cultures de couverture, des céréales à paille et des prairies; 
  • Épandre et incorporer les engrais de ferme sans compacter les sols, par l’adaptation des équipements d’épandage et des équipements aratoires; 
  • Soutenir l’innovation en aménagement des cours d’eau, en intégrant des actions concertées sur le milieu riverain et le drainage des terres agricoles; 
  • Assurer l’efficacité des ouvrages d’assainissement des eaux municipaux et privés, tout en réduisant les charges de phosphore liées aux surverses. 

Source : OBVBM