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Bien que de nombreux efforts aient été déployés depuis 2018 pour réhabiliter le littoral du lac Saint-Pierre, des chercheurs font maintenant face à un vaste défi de coordination pour atteindre un objectif commun qui respectera à la fois la réalité écologique et agricole du secteur. Ils suggèrent d’adopter des objectifs « modestes et concrets » pour maintenir l’engagement des acteurs, dont les producteurs agricoles concernés.
« Actuellement, tous les efforts se traduisent par de petits projets qui sont nombreux et qui peinent à s’inscrire dans une vision plus globale sur le long terme. On a de la difficulté à voir où on s’en va », a souligné Julie Ruiz, professeure au Département des sciences de l’environnement à l’Université du Québec à Trois-Rivières, et chercheuse de l’axe socio-économique du Pôle d’expertise multidisciplinaire en gestion durable du littoral du lac Saint-Pierre.
Avec d’autres chercheurs de ce Pôle d’expertise, Mme Ruiz a exposé, lors d’une conférence de presse le 26 juin, à Trois-Rivières, une série de recommandations découlant d’études menées depuis 2018. Ces études visaient la mise en place d’une agriculture respectueuse de l’écosystème du lac Saint-Pierre et la restauration des milieux dits prioritaires du littoral.
Offrir un « panier de solutions »
D’abord, pour faire face au défi de coordination des actions et de communication, le Pôle d’expertise recommande la création d’un comité interministériel qui serait « le gardien d’une vision commune et qui pourrait gérer des fonds pour la réhabilitation du lac Saint-Pierre, incluant le suivi des projets », a détaillé Mme Ruiz. Des sous-comités pourraient ensuite s’y rattacher, dont des comités locaux, pour « reconstruire le dialogue entre le gouvernement et les divers acteurs, dont les producteurs agricoles », a-t-elle donné en exemple.
La chercheuse a également mentionné qu’actuellement, il existe une forme de « stigmatisation sociale » et de « déresponsabilisation » de certains producteurs agricoles qui exploitent les terres du littoral, notamment parce que « le producteur sent que le poids de la faute est sur ses seules épaules et qu’il est laissé à lui-même pour adapter ses pratiques », a-t-elle illustré. Aussi, pour diminuer la pression sur les épaules des producteurs, l’une des recommandations est de leur offrir « un panier de solutions », comme le rachat de terres sur une base volontaire, de l’aide financière, un soutien avec un groupe de pairs sur les pratiques agricoles, ou encore des conseils agroéconomiques.
Utilisées depuis longtemps pour le pâturage, les terres agricoles de ce littoral ont graduellement été converties pour la production de maïs et de soya, ce qui a entraîné un déclin de la biodiversité, a de son côté souligné Stéphane Campeau, chercheur de l’axe « environnement et faune » du Pôle d’expertise. Ce dernier a réitéré l’importance de maintenir les efforts de conservation et de réhabilitation des milieux dégradés.
Le Pôle d’expertises, qui rassemble plus d’une centaine de chercheurs, d’étudiants et de professionnels de l’Université du Québec à Trois-Rivières, de l’Université Laval et de l’Université McGill, a été créé en juillet 2018 par le gouvernement du Québec, avec l’octroi d’une enveloppe budgétaire de 4,66 M$, pour répondre aux enjeux agricoles, écologiques et socio-
économiques du littoral du lac Saint-Pierre. De nombreux producteurs agricoles ont collaboré aux diverses études dans le cadre de ce projet, dont le rapport complet sera rendu public le 10 juillet.