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Les concentrations de néonicotinoïdes et de glyphosate sont en hausse dans les cours d’eau du Québec situés dans des zones où l’on cultive du maïs et du soya. C’est là l’un des constats qui ressort du rapport Présence de pesticides dans l’eau au Québec – Portrait et tendances dans les zones de maïs et de soya 2015 à 2017, du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques rendu public en février.
L’étude indique notamment une tendance à la hausse des concentrations de glyphosate et de son résidu, l’acide aminométhylphosphonique (AMPA), dans les quatre cours d’eau étudiés. Même constat pour la clothianidine, un insecticide de la classe des néonicotinoïdes, connus pour leur impact négatif sur la santé des pollinisateurs. La fréquence de détection du chlorantraniliprole, l’un des deux insecticides appelés à remplacer les néonicotinoïdes sur les semences enrobées, a pour sa part grimpé de 2015 à 2017.
En contrepartie, les concentrations d’atrazine, de dicamba et de 2,4-D ont connu une baisse dans les mêmes cours d’eau étudiés. Dans le cas du S-métolachlore, retrouvé dans presque tous les échantillons prélevés, on avait observé une diminution au cours des années antérieures. Les données de 2007 à 2017 suggèrent toutefois une « légère tendance à la hausse des concentrations », selon le rapport.
« Ce qui ressort, c’est qu’il y a encore plusieurs pesticides qui sont présents en même temps dans l’eau », a expliqué à La Terre Isabelle Giroux, auteure du rapport et directrice de l’information sur les milieux aquatiques au ministère de l’Environnement. Elle a mentionné que plusieurs échantillons comportaient de 18 à 34 pesticides ou produits de dégradation des pesticides.
Pour arriver à leurs conclusions, les auteurs de l’étude ont analysé des échantillons provenant de quatre cours d’eau de la Montérégie et du Centre-du-Québec, soit les rivières Saint-Régis, des Hurons, Chibouet et Saint-Zéphirin, qui servent de témoins depuis 1992. Pour chaque rivière, ils ont collecté une trentaine d’échantillons de la fin mai à la fin août, puis ont mesuré la concentration de chaque polluant.
Des dépassements nombreux
Le rapport a aussi révélé que de nombreux échantillons comportaient des concentrations potentiellement toxiques pour la faune aquatique. Pour évaluer la qualité de l’eau, les chercheurs se sont basés sur le critère de vie aquatique chronique (CVAC), qui établit la concentration maximale d’un produit à laquelle les organismes aquatiques peuvent être exposés pendant toute leur vie sans subir d’effets néfastes.
De 2015 à 2017, 13 pesticides, dont 9 insecticides, ont été mesurés à des concentrations qui dépassaient leur CVAC. Du lot, les néonicotinoïdes sont ceux qui dépassaient leur critère le plus souvent. Dans leur ensemble, 97,5 % des échantillons contenaient des concentrations de néonicotinoïdes supérieures au CVAC. Les chercheurs ont même mesuré en 2015 un échantillon dans la Saint-Régis qui dépassait de 542 fois la valeur du CVAC. « Des dépassements aussi fréquents pourraient avoir un impact sur les invertébrés qui vivent dans l’eau », souligne la spécialiste. Le ministère de l’Environnement prévoit d’ailleurs publier une étude sur le sujet au cours des prochains mois.