Environnement 5 juillet 2024

Sangliers en cavale : danger dans les champs

Les évasions de sangliers et de cervidés exotiques préoccupent le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP), qui lance un appel à la vigilance afin que toute présence suspecte de ces espèces dans un champ ou en forêt lui soit rapidement signalée.

« En Saskatchewan et en Alberta, ils ont des gros problèmes avec les populations de sangliers sauvages qui sont en croissance. Et juste aux États-Unis, ça entraîne des coûts de plus de 2,5 G$ en dommages et en mesures de contrôle », illustre Yannick Bilodeau, biologiste responsable de la grande faune et coordinateur opérationnel pour les sangliers et les cervidés échappés au MELCCFP.

Une situation que le ministère veut éviter à tout prix au Québec, où, jusqu’ici, les populations exotiques sont maîtrisées.

On fait souvent une veille sur les médias sociaux pour repérer des publications qui montrent des animaux exotiques dans la nature, car, ­souvent, les gens pensent que c’est normal de voir un sanglier en liberté, ou que ce n’est pas grave, et ils ne le signalent pas.

Yannick Bilodeau, biologiste au MELCCFP

C’est ce qui s’est produit dernièrement, le 26 juin, dans le secteur d’Orford, en Estrie, où deux sangliers échappés d’une ferme d’élevage du secteur ont été aperçus par des passants avant d’être capturés par les agents de la faune.

Le ministère vient d’ailleurs de lancer une campagne de sensibilisation pour informer la population des impacts que peuvent avoir ces évasions, l’inciter à signaler les animaux échappés, et faire connaître les règles relatives à leur garde en captivité.

De gros enjeux pour les producteurs agricoles

Les populations de sangliers sauvages et de sanglichons (un croisement entre le sanglier et le cochon domestique) posent plusieurs risques pour le milieu agricole, rappelle M. Bilodeau, notamment parce que leur population peut ravager les récoltes, les propriétés et les écosystèmes.

Le sanglier est considéré comme l’une des espèces exotiques envahissantes les plus néfastes au monde, car il s’adapte bien à l’hiver, se reproduit vite, n’a pas de prédateurs. De plus, ils [les sangliers] représentent un risque pour la biosécurité des fermes puisqu’ils sont des vecteurs de transmission de maladies, comme la redoutée peste porcine africaine.

Yannick Bilodeau

De leur côté, les cervidés exotiques, tels le daim, le cerf rouge, le sika et le wapiti, inquiètent surtout pour les risques de transmission de la maladie débilitante chronique des cervidés qu’ils peuvent véhiculer. Leur population entre également en compétition avec les espèces indigènes.

En moyenne, le MELCCFP reçoit environ une dizaine de signalements par année pour des évasions de sangliers et une quinzaine pour les cervidés exotiques.

La plupart du temps, ces évasions surviennent parce que les clôtures ont été franchies par l’animal, d’où l’importance de bien s’informer sur les règles de garde en captivité de ces animaux, précise M. Bilodeau. 

Toute évasion ou présence suspecte d’un animal exotique peut être signalée à SOS Braconnage — Urgence faune sauvage au 1 800 463-2191 ou par courriel à [email protected].