Environnement 17 juin 2024

Récupération en hausse des plastiques de fenaison

La récupération des plastiques de fenaison s’est accélérée au Québec au cours de la dernière année. Et les résultats sont encourageants, voire surprenants, estime Christine Lajeunesse, directrice pour l’est du Canada chez AgriRÉCUP. 

« Nous avons récupéré, en 2023, 1 470 tonnes de plastique pour l’ensilage et le foin, souligne-t-elle. C’est énorme. On ne s’attendait jamais à récupérer autant de matières. » L’entrée en vigueur, en juillet 2023, du nouveau Règlement sur la récupération et la valorisation des produits par les entreprises (RRVPE) a contribué à la multiplication des points de dépôt pour la récupération de l’ensemble des plastiques agricoles, explique Christine Lajeunesse. 

Outre les plastiques utilisés pour l’ensilage et le foin, ces matières incluent les autres types de sacs (moulée, tourbe, etc.) et de contenants, la tubulure utilisée en acériculture, ainsi que les pesticides périmés et les semences traitées.

Organisation pancanadienne à but non lucratif créée par le secteur agricole, AgriRÉCUP (Cleanfarms, ailleurs au Canada) occupe un rôle de premier plan dans cette filière en agissant à titre d’organisme de gestion reconnu par le gouvernement du Québec.  

Et ce n’est pas d’hier que l’organisme est engagé dans ce dossier. Il a entre autres participé, au cours des dernières années, à la mise en place de projets pilotes pour récupérer les plastiques agricoles dans différentes régions, dont Chaudière-Appalaches et la Montérégie. 

Les projets pilotes ont été transformés en un programme permanent. Ils nous ont donné une base pour établir ce programme partout au Québec.

Christine Lajeunesse, directrice pour l’est du Canada chez AgriRÉCUP

Défis

À court terme, Christine Lajeunesse affirme que l’ouverture de nouveaux points de dépôt pour la récupération des plastiques agricoles demeure une priorité.  

« Ça en prend plus, dit-elle. Les agriculteurs nous le demandent. Mais c’est tout un défi pour les plastiques de foin et d’ensilage parce que ça prend des sites avec beaucoup d’espace. » 

« Et ce ne sont pas toutes les municipalités qui nous accordent cet espace-là, ajoute Mme Lajeunesse. Cela rend la mise en place des points de dépôt assez complexe. »

Celle-ci souligne néanmoins que plusieurs écocentres acceptent désormais les plastiques de fenaison. Ces derniers sont également recueillis, à certains endroits, par des partenaires privés, tels des coopératives agricoles et des équipementiers. 

L’ouverture de nouveaux sites de dépôt est par ailleurs un peu plus ardue dans les régions où les activités agricoles sont moins intenses, souligne la directrice d’AgriRÉCUP. 

Actuellement, les plastiques agricoles peuvent être déposés dans quelque 150 points de chute répartis dans la province. Les plastiques de fenaison ne sont toutefois pas acceptés partout, faute d’espace pour accueillir les infrastructures. 

Certaines municipalités ou MRC offrent en outre, parfois depuis quelques années, un service de collecte à la ferme. Cela représente près de la moitié du volume des plastiques récupérés. L’entrée en vigueur du nouveau programme ne devrait pas se traduire par de grands changements pour ces collectes, estime Mme Lajeunesse. 

De façon générale, les producteurs agricoles disposent bien de leurs matières. « Il y a des récalcitrants, dit la directrice pour l’est du Canada. Mais ce n’est pas la majorité. Au contraire, les gens veulent participer. »

Autres enjeux

Les détaillants de plastiques agricoles sont également invités à faire leur part, particulièrement en déclarant, de façon obligatoire, leurs ventes. Et il semble rester du travail à faire sur ce point, souligne Christine Lajeunesse. 

« Pour les plastiques de fenaison, on a récupéré 135 % de la quantité qui nous a été déclarée, précise-t-elle. C’est important que les fournisseurs de produits déclarent leurs ventes parce qu’on doit financer le programme adéquatement pour offrir un bon service aux agriculteurs. » 

Le soin apporté au tri des plastiques représente également un enjeu, selon Mme Lajeunesse. Plus le tri est efficace, plus grande sera la revalorisation des matières. 

Les ballots de plastique produits à la ferme sont appréciés des recycleurs. Ils sont souvent de meilleure qualité, car les matières ne sont pas mélangées.

En clair, les plastiques noir et blanc ne peuvent pas être mélangés avec les pellicules étirables de plastique blanc. Et toutes autres matières plastiques (gants, cordes, etc.) doivent en être exemptes. 

Les premiers peuvent, par exemple, être utilisés pour la fabrication des couches intérieures des sacs silos ou des bâches, tandis que les autres auront une deuxième vie avec la conception de sacs d’ordures ou de certains emballages. 

Selon Christine Lajeunesse, plus de 200 agriculteurs québécois utilisent par ailleurs une presse à plastique. Le prix de ces bacs compresseurs varie de 750 $ à quelque 4 000 $, selon AgriRÉCUP. Certains ont construit leur presse eux-mêmes. 

« Au début, les agriculteurs sont réticents à utiliser cet appareil, dit-elle. Mais ils réalisent rapidement que ça simplifie la gestion du plastique à la ferme. »

Détail : les ballots de plastique ainsi produits sont appréciés des recycleurs. Ils sont souvent de meilleure qualité, car les matières ne sont pas mélangées, souligne Mme Lajeunesse.