Environnement 14 septembre 2017

La récolte de foin est catastrophique au Bas-Saint-Laurent

Après un été particulièrement sec par endroits, des producteurs du Bas-Saint-Laurent espéraient pouvoir s’en tirer en effectuant une bonne deuxième ou troisième coupe, mais c’est trop peu, trop tard. Certains achètent déjà du foin.

« Jusqu’à maintenant, on a acheté six remorques de foin pour essayer de passer l’hiver. Et avec la rareté, il n’y a pas d’aubaine à faire; le foin est cher et le transport aussi », mentionne Dorothée Côté, copropriétaire d’une ferme laitière à Saint-Fabien, près de Rimouski.

Avec la sécheresse, les feuilles des arbres ont fané avant de tomber au sol sur la propriété de Dorothée Côté.
Avec la sécheresse, les feuilles des arbres ont fané avant de tomber au sol sur la propriété de Dorothée Côté.

C’est d’ailleurs dans ce secteur que la sécheresse a créé le plus de dommages. « Pendant plus d’un mois, il a fait chaud et nous n’avons pas eu de pluie. Tout a jauni et même bruni, à tel point qu’il n’y a eu aucune deuxième coupe. Nous avons tenté une fauche à la fin août, mais la quantité récoltable était insuffisante. Présentement, les champs sont redevenus verts. Si on fauche, on gruge cependant la réserve énergétique des plantes qui risquent alors de mourir cet hiver », précise l’agricultrice. Même les érables dans sa cour ont perdu leurs feuilles en août, ce qui témoigne du manque critique d’eau.

Paille en feu

Un peu plus loin, Vincent Rioux estime que ses récoltes de foin, de céréales et de maïs ensilage seront 50 % plus faibles qu’à l’habitude à cause du temps sec. « Normalement, je produis 2 000 balles de foin. Cette année, aucune. J’ai gardé le peu de foin que j’avais pour l’ensilage, sans oublier que mes implantations de prairie seront à refaire. Étant donné que le blé m’arrivait au genou, je vais manquer de paille. Il va falloir acheter de la ripe et du maïs ensilage », affirme-t-il. D’ailleurs, au moment du pressage de la paille, une étincelle a enflammé une partie de son champ devenu extrêmement sec. L’agriculteur a dû prendre des mesures d’urgence et sauter dans son tracteur pour herser le périmètre du feu. Il a réussi à contenir l’incendie.

Pire année

Le témoignage de Jean-Luc Laplante, établi près de Kamouraska, va dans le même sens. « C’est la première fois qu’on a un rendement de foin aussi faible. C’est ma pire année à vie. Au moment de la deuxième coupe, on a passé la faucheuse pour étêter la luzerne et ça ne faisait même pas d’andains », relate-t-il. Le producteur a également dû acheter du foin pour sécuriser l’alimentation de son troupeau. Des travaux d’excavation lui ont permis de constater que la terre était sèche jusqu’à 15 pi de profondeur.

De l’aide

Le président de la Fédération de l’UPA du Bas-Saint-Laurent, Gilbert Marquis, constate l’ampleur des dommages. Il mentionne même le cas de certaines fermes qui ont dû faire livrer de l’eau pour abreuver leurs vaches, étant donné que leur puits était à sec. « On est présentement en processus pour demander au gouvernement de compenser financièrement les pertes des producteurs grâce au programme Agri-relance. On veut aussi que La Financière agricole du Québec compense la juste valeur des pertes de rendement des cultures de foin et de céréales », affirme M. Marquis.