Environnement 2 février 2016

Québec injecte 445 000 $ pour réduire les pesticides

Le ministre de l’Agriculture, Pierre Paradis, a annoncé l’octroi de 445 635 $ à deux projets qui visent à réduire l’utilisation d’insecticides dans le secteur des oignons et à rationaliser l’application de fongicides dans plusieurs autres cultures.

« Ça arrive à point nommé. Il faut trouver des solutions de rechange [aux pesticides] », a déclaré le ministre Paradis, juste après l’annonce officielle.

Quelque 300 000 $ seront accordés à un projet de Phytodata qui vise à déployer un réseau de captage des spores pour améliorer la surveillance de maladies fongiques de plusieurs cultures. Le maraîcher Jocelyn Leclair, qui était avec le ministre pour l’annonce du 2 février, a confirmé à la Terre que les cultures de blé, de fraises, de carottes, de laitues, de haricots de même que les vignes pourront ainsi profiter d’un meilleur dépistage de la présence de spores potentiellement nocives pour ces cultures.

« Si on sait que des spores sont détectées au sud de notre ferme et qu’une tempête s’annonce en provenance du sud, on sera en mesure de mieux réagir », a précisé à la Terre le maraîcher Denys Van Winden, pour illustrer un des avantages.

Dans le blé, par exemple, on détectera la présence de spores de fusarium, qui cause la fusariose, un risque majeur pour les producteurs puisqu’il entraîne un déclassement et d’importantes pertes économiques. L’application de fongicide pourra ainsi se faire au moment le plus propice quand c’est jugé nécessaire et pourra être évité quand il y a peu ou pas de spores dangereuses.

L’ampleur du réseau de dépistage des spores hors de Montérégie-Ouest, dans chaque culture visée, n’a toutefois pas été détaillée.

L’autre volet de l’annonce gouvernementale, de 145 635 $, concerne le projet plus connu d’utilisation de mouches stériles dans la culture de l’oignon. Cette aide pourra maintenant atteindre 20 000 $ par ferme dans le cadre du programme Prime-Vert jusqu’au 31 mars 2018. « Avec l’aide, on va aller chercher plus de clients », a précisé Jocelyn Leclair, en parlant des producteurs d’oignons qui pourraient se joindre à l’organisme Prisme. Le traitement de la mouche de l’oignon en utilisant des mouches stériles qui permettent de contrôler la population de l’insecte nuisible est plus dispendieux que les pesticides habituels dans les premières années. Rappelons que le chlorpyrifos, fréquemment utilisé pour le contrôle de la mouche de l’oignon, est considéré comme l’un des pesticides « les plus à risque » par la Stratégie québécoise sur les pesticides 2015-2018.

Interrogé à savoir si cette annonce marquait le début d’une stratégie plus importante pour positionner le Québec comme leader dans ce secteur, le ministre Pierre Paradis a répondu : « On veut être un leader en lutte intégrée pour les climats nordiques. » Il a précisé que le Québec n’était pas aussi affecté que les États-Unis par les insectes ravageurs et les maladies des cultures, mais qu’on pouvait adapter des techniques venues d’ailleurs. Le ministre Paradis a aussi parlé des changements climatiques, qui sont bien réels et qui pourront nous forcer à faire face à de nouveaux ennemis des cultures.