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La nouvelle Stratégie québécoise sur les pesticides 2015-2018, dévoilée hier, vise à resserrer les règles pour atteindre 25 % de réduction de l’utilisation des pesticides en milieu agricole par rapport à la période de référence 2006-2008 et s’en prend spécifiquement aux pesticides considérés plus à risque.
Un encadrement plus strict portera donc sur les néonicotinoïdes et les pesticides les plus néfastes pour l’environnement comme l’atrazine ou le chlorpyfiros. L’emploi de tous ces produits devra être approuvé par un agronome dans 100 % des cas et le gouvernement introduira des règles plus sévères, notamment le respect d’une distance d’éloignement des zones habitées lors de leur application.
Par ailleurs, des incitatifs économiques renforceront le dispositif par la voie de redevances, de permis et de compensations. L’idée est de « faire assumer aux utilisateurs de pesticides les plus à risque une plus grande part des coûts environnementaux et des coûts associés à la santé ».
La liste complète des pesticides les plus à risque n’est pas publiée, mais le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques se basera sur des critères de toxicité chronique et aiguë et de toxicité pour les abeilles.
La mise en œuvre se fera au cours de l’année 2016 en commençant par une modification de la Loi sur les pesticides, du Code de gestion des pesticides et par l’introduction d’« incitatifs économiques ». De nouvelles sanctions seront également prévues pour les contrevenants. Le tout devrait être en place à l’automne prochain.
L’UPA dénonce
« Les producteurs agricoles du Québec ont les mêmes préoccupations environnementales que leurs concitoyens sur la question des pesticides. Malheureusement, les mesures annoncées aujourd’hui pour le secteur agricole sont décevantes et incomplètes. Elles auront surtout pour conséquence d’augmenter les exigences administratives liées à l’utilisation des pesticides alors que les producteurs sont déjà littéralement enterrés sous des tonnes de paperasse. Le ministre opte pour des solutions bureaucratiques qui sont déconnectées de la réalité du terrain », a déclaré le président général de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Marcel Groleau, en réaction à la nouvelle Stratégie.
Pour l’UPA, la solution passe par de meilleures méthodes de dépistage des ravageurs des cultures. Sans cette information, les agronomes n’auront pas de solutions de remplacement efficaces à l’approche préventive qu’ils utilisent déjà. L’Union rappelle que les agriculteurs suivent des règles plus contraignantes qu’ailleurs, se fient déjà aux conseils d’agronomes, emploient des produits homologués et qu’ils n’ont pas intérêt à acheter plus que nécessaire de ces intrants que sont les pesticides.
Le président de l’UPA souligne que le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec ne consacre que 3,2 M$ par an pour l’ensemble des mesures relatives à la gestion rationnelle des pesticides et qu’il a « fragilisé » le financement des clubs-conseils en agroenvironnement, qui permettent d’obtenir des conseils d’agronomes non liés à l’industrie.
« Nos compétiteurs internationaux, surtout américains, qui ne sont pas soumis à de telles exigences, auront un avantage indéniable sur nous. Les gouvernements du Québec et du Canada n’exigent aucune réciprocité des règles et des normes en cette matière pour les aliments importés », indique par ailleurs Marcel Groleau, qui aurait souhaité une approche concertée avec les producteurs et un accompagnement plus important pour atteindre les objectifs de la Stratégie.