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Une agriculture est qualifiée de durable lorsqu’elle utilise des pratiques reconnues pour réduire son empreinte environnementale et socioéconomique. Dans les attentes sociétales envers l’agriculture, la dimension environnementale l’emporte souvent sur l’importance de la rentabilité économique des entreprises. Un équilibre entre ces deux dimensions est absolument nécessaire.
L’interconnexion de l’agriculture avec l’environnement fait en sorte que les pratiques pour réduire l’empreinte environnementale sont nombreuses. Certaines doivent respecter la qualité de l’air, d’autres, la santé des sols, la qualité de l’eau, etc. Ces pratiques doivent concrètement réduire l’utilisation des pesticides, les émissions de gaz à effet de serre, la pollution diffuse des eaux, etc.
La Gestion 4B
Dans le cadre de la gestion optimale des fertilisants, on parle de plus en plus du principe de la Gestion 4B (ou d’une façon courte, « les 4B » issus des 4R en anglais) dans l’utilisation de ces derniers. Ces 4B signifient le bon produit (source du fertilisant), appliqué au bon endroit, au bon moment et à la bonne dose (quantité).
On pourrait intuitivement dire que si une entreprise n’applique pas les fertilisants au bon moment, ou à la bonne dose, elle n’aura pas la récolte garantissant sa rentabilité et ne sera plus en activité. En considérant seulement ces deux « B », on peut rejeter le concept du revers de la main et le considérer comme trivial. Mais qu’en est-il pour le bon produit? Est-ce qu’un fertilisant acidifiant dans un sol à faible pH est le bon? Est-ce que le bon emplacement de l’engrais par rapport à celui de la semence est important pour l’uniformité de la levée et la disponibilité du fertilisant au moment propice? De toute évidence, ces deux derniers « B » ne sont pas négligeables et militent en faveur d’une considération sérieuse du principe.
La Gestion 4B est plus connue et adoptée aux États-Unis et dans les autres provinces canadiennes. L’agriculture québécoise fait cependant partie intégrante de l’agriculture nord-américaine. Il est donc incontournable qu’elle adhère aux approches nord-américaines et bénéficie de ses retombées potentielles. À l’heure actuelle, Fertilisants Canada fait un recensement de la superficie agricole canadienne sous 4B. C’est dans la perspective de garder la production québécoise de grains au diapason nord-américain que les Producteurs de grains du Québec (PGQ) ont mis sur pied un projet de transfert de connaissances sur les 4B. Ce projet constitue aussi une contribution du secteur à la réalisation des objectifs du Plan d’agriculture durable du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). Les PGQ ont bénéficié d’un financement du MAPAQ pour la réalisation, entre autres, de la formation des producteurs et des agronomes, et pour assurer le transfert de connaissances sur les 4B par la démonstration dans des fermes.
Bien que la plupart des recherches actuelles (gouvernementales ou du secteur privé) soient principalement orientées vers la gestion des fertilisants, les 4B sont transposables à d’autres domaines d’interventions agronomiques comme les pesticides, l’irrigation, etc.
Le cinquième « B »
Pendant que l’on apprivoise les 4B au Québec et au Canada, le cinquième B du concept n’a pas encore été abordé. Ce « B » représente la bonne manière de faire les choses. Un exemple concret de l’adoption des 5B peut être visible dans l’application des pesticides. En effet, le phénomène de la dérive des pesticides est le cinquième « B » par excellence. La bonne condition météorologique lors de l’application, la bonne buse, la synergie du mélange des produits, le dépistage, etc., sont des éléments qui constituent le cinquième B.
Une question se pose : si la production québécoise de grains ne s’affiche pas encore avec l’adoption des 4B, est-ce que cette dernière constitue un défi énorme? La réponse est que le secteur agricole québécois, de façon générale, est en avance sur le plan de l’adoption de bonnes pratiques environnementales par rapport à la réalité dans d’autres provinces ou États américains. D’ailleurs, plusieurs producteurs québécois adoptent les 5B sans en demander la certification « officielle », puisque celle-ci est encore relativement méconnue au sein du secteur agricole.