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La forte concentration de phosphore dans le fumier des productions animales, particulièrement dans le lisier de porc, représente un enjeu environnemental important au Québec, notamment dans les régions à forte densité d’élevages porcins, estime le chercheur nouvellement retraité Aubert Michaud, spécialiste de la conservation des sols et de l’eau.
« Jusqu’ici, on a mis beaucoup d’efforts sur la protection des sols, pour respecter la saturation en phosphore, mais ça ne règle pas tout », souligne-t-il en regrettant qu’encore rien de concret n’ait été prévu pour la conservation des cours d’eau. Car selon lui, les bandes riveraines de deux ou trois mètres ne suffisent pas à filtrer l’eau qui ruisselle et percole des vastes superficies de champs après l’épandage de lisier, ce qui accentue le niveau d’eutrophisation des cours d’eau.
« La solution la plus efficace, on la connaît : c’est de retirer le phosphore à la source en séparant la partie solide du lisier, où la plus grande quantité de phosphore se concentre », affirme le chercheur. Cette technique est déjà utilisée en Bretagne, souligne-t-il, et a fait l’objet de recherches par une équipe de l’IRDA il y a quelques années. « Il faut accompagner la filière porcine à cet égard. C’est certain qu’il y a un coût, mais il y a aussi un choix social à faire, car ça coûte combien, nos bassins versants atrophiés? » questionne-t-il.
Il serait d’ailleurs minuit moins une, selon lui, « puisque la tendance sera de plus en plus difficile à renverser si rien n’est fait rapidement ». En effet, le phosphore a la capacité de s’accumuler dans les cours d’eau et il faut une trentaine d’années avant de pouvoir retrouver des niveaux de concentration acceptables, explique-t-il. « Des fois, on se dit qu’on va jeter l’éponge, mais il faut plutôt se dire que les producteurs, avec un accompagnement technique, financier et réglementaire, peuvent changer les choses. »