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La chercheuse Geneviève Labrie a impressionné son auditoire, hier à Belœil, en présentant l’ampleur d’une étude portant sur le traitement de semences aux néonicotinoïdes, un groupe d’insecticides, et leurs impacts sur les ravageurs des cultures.
BELŒIL — « Des centaines de personnes ont travaillé sur le projet depuis quatre ans. Près de 10 000 échantillons de sol ont été analysés par des équipes qui ont travaillé, par moments, 24 h sur 24, 7 jours par semaine. C’est la plus grande quantité de données traitée au monde sur le sujet des ravageurs de sol en grandes cultures », a expliqué Mme Labrie à une centaine d’agronomes réunis lors d’une soirée de formation.
À vrai dire, l’équipe de Mme Labrie a collecté les échantillons de sol provenant de 77 sites expérimentaux du CÉROM (Centre de recherche sur les grains), de même que ceux de 600 sites du ministère de l’Agriculture et 160 du RAP (Réseau d’avertissements phytosanitaires). « On a couvert le Québec au complet! » a précisé la chercheuse.
Rappelons que l’utilisation des traitements de semences aux néonicotinoïdes est montrée du doigt pour avoir tué, au fil des années, des pourcentages significatifs d’abeilles et autres pollinisateurs. Devant la grogne du public et celle des groupes de pression, le sujet des néonics est devenu hautement politisé, ce qui explique les sommes « astronomiques » qui ont été consacrées à ce projet de recherche.
Et les résultats
En conférence, Geneviève Labrie a présenté les résultats préliminaires de cette étude colossale. Les chercheurs sont arrivés à la conclusion que les traitements de semences aux néonicotinoïdes sont nécessaires dans certains cas, mais leur utilisation n’est pas justifiée pour l’ensemble des superficies. « Nous avons observé que les fortes populations de vers fil-de-fer [un insecte ravageur] peuvent avoir un impact sur les rendements du maïs. De façon générale, les hausses de rendement étaient marginalement significatives dans le cas des parcelles traitées. Il reste à analyser quels sont les facteurs de risque et quand faut-il employer le traitement de semences », a résumé la chercheuse.
Néonicotinoïdes : des gains oui, mais rarement
Selon les estimations, les semences traitées aux néonicotinoïdes sont actuellement employées sur près de 500 000 hectares au Québec; dans plus de la moitié des cultures de soya et dans la quasi-totalité des cultures de maïs. Les résultats de Geneviève Labrie et de son équipe indiquent que de façon générale les populations d’insectes au champ ne justifient pas l’utilisation à grande échelle de traitements de semences aux néonicotinoïdes, de plus, ce pesticide se retrouve dans les cours d’eau (il a été dépisté dans 100 % des rivières échantillonnées par le ministère de l’Environnement). À quel moment le traitement aux néonics offre de véritables gains de rendements?
Plus de détails dans la version papier de la prochaine édition de la Terre de chez nous.