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La ministre de l’Environnement, Isabelle Melançon, a déclaré en entrevue au 98,5 FM que plus de 50 % des 150 agronomes actifs en phytoprotection n’étaient « pas tout à fait indépendants » à cause de leur lien avec les vendeurs de pesticides. Une situation qui « inquiète » la ministre.
La ministre a toutefois réitéré sa confiance dans le professionnalisme des agronomes, qui feront par ailleurs l’objet d’un suivi réalisé par le personnel du ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques ainsi que par l’Ordre des agronomes du Québec (OAQ). Un protocole d’entente entre le ministère et l’Ordre est en place. Il n’a pas été possible d’obtenir des commentaires de la ministre au moment de publier.
L’OAQ défend le professionnalisme de ses membres, peu importe leur employeur, et les justifications de pesticides devront s’appuyer sur des observations faites au champ. « Les mêmes règles vont s’appliquer à tous les agronomes, peu importe pour qui ils travaillent », a assuré Michel Duval, président de l’OAQ, en entrevue à La Terre. Ce dernier précise que des audits de tous les agronomes en phytoprotection seront réalisés aux quatre ans ou même plus rapidement si des dossiers litigieux sont soulevés par le ministère.
Conflit d’intérêts
Interrogée sur la présence d’un conflit d’intérêts pour certains agronomes, la ministre Melançon a répondu : « Tout à fait. » Des groupes comme Vigilance OGM et Équiterre ont également soulevé le problème du conflit d’intérêts des agronomes à l’emploi de l’industrie.
« Après la prescription, le producteur pourra aller où il veut pour acheter le produit », ajoute Michel Duval, qui invite les producteurs à soumettre à l’Ordre toute recommandation qui serait liée à un point de vente précis. Une enquête de l’OAQ serait alors effectuée et si un conflit d’intérêts est constaté, cela pourrait mener à une suspension du droit de pratique de l’agronome pour une période déterminée. Le président de l’OAQ précise par ailleurs que certaines compagnies de semences auraient commencé à diminuer l’enrobage des semences dès cette année. Michel Duval souligne que les semences enrobées étaient jusqu’à maintenant recommandées par des vendeurs et non par des agronomes.
« C’est complètement faux qu’on va vendre pour vendre », a commenté Yvan Lacroix, PDG de l’Association professionnelle en nutrition des cultures (APNC), qui regroupe plusieurs fournisseurs d’engrais et de pesticides. Ce dernier ajoute que l’indépendance des agronomes est assurée par l’OAQ, peu importe le service en jeu. Yvan Lacroix estime aussi qu’une entreprise qui ferait de mauvais diagnostics finirait par « perdre des producteurs » lorsque ceux-ci se rendraient compte d’un mauvais conseil, soit par eux-mêmes ou avec l’arrivée d’un concurrent.
La Stratégie québécoise sur les pesticides 2015-2018 prévoit que l’agronome doit être d’avis « qu’un insecte ravageur met en péril la culture et que le traitement contenant l’un de ces pesticides est le plus approprié ».