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Les insecticides de la famille des néonicotinoïdes font de nouveau les manchettes à la suite de la publication d’une étude suisse révélant leur présence dans le miel partout dans le monde. Les producteurs d’ici avancent que des pas ont été faits pour diminuer l’utilisation de ces produits, mais qu’il en reste encore à faire.
L’étude pilotée par l’Université de Neuchâtel, en Suisse, et publiée dans la revue Science indique en fait que les trois quarts des 198 échantillons de miels produits à travers le monde contiennent des néonicotinoïdes (néonics). Au Québec, les quatre échantillons testés affichent aussi la présence de ce groupe d’insecticides.
Pas surprenant
Des apiculteurs contactés par La Terre font remarquer qu’il est pour le moins hasardeux de dresser un constat basé sur quatre échantillons seulement. N’empêche, aucun ne se surprend de la présence des néonicotinoïdes dans le miel.
« Qu’on le veuille ou non, il y a tellement de semences traitées avec les néonics utilisées au Québec que ça ne me surprend pas qu’on en retrouve dans le miel. J’ai fait analyser le mien et je n’en ai pas. Mais ce genre de nouvelles entache la réputation de nos apiculteurs. On commence à perdre patience avec les pesticides », peste l’apiculteur Raphaël Vacher, également président du Syndicat des apiculteurs du Québec, un regroupement qui n’est pas affilié à l’Union des producteurs agricoles.
Les concentrations en néonicotinoïdes analysées restent en deçà des normes maximales autorisées pour la consommation humaine, spécifient les auteurs. Ces derniers n’ont pas voulu révéler la marque de commerce des miels échantillonnés ni l’endroit où ils ont été achetés au Québec.
La version détaillée de l’étude précise cependant les coordonnées géographiques des endroits où les contenants de miel ont été achetés. Elles correspondent à la localité de quatre apiculteurs situés en Montérégie, en Estrie et au Bas-Saint-Laurent.
« On est rendus à un point où on ne peut plus se fermer les yeux! Du miel est contaminé avec les pesticides, mais ce n’est que la pointe de l’iceberg. Il suffirait de chercher davantage et on verrait qu’à plusieurs endroits, l’eau et plusieurs aliments sont également contaminés par les pesticides », évalue l’apicultrice Julie Fontaine, qui siège au comité pesticides de la Fédération des apiculteurs du Québec. Cet organisme a d’ailleurs voté une résolution le 11 novembre afin d’« effectuer les pressions nécessaires visant à l’adoption rapide de la Stratégie québécoise sur les pesticides ».
Julie Fontaine reconnaît que les producteurs de grains sont de plus en plus conscients de l’impact des pesticides sur les pollinisateurs. « Ils veulent faire partie du changement. Il faut leur donner les moyens de le faire », évalue-t-elle.
« On évolue »
Le président des Producteurs de grains du Québec assure que l’utilisation de semences traitées aux néonicotinoïdes diminue. « On évolue, les connaissances évoluent et il y a plus de dépistage », indique Christian Overbeek. Il ajoute que des produits de substitution sont maintenant offerts. « Il reste cependant à évaluer, scientifiquement et -objectivement, si ces produits permettent aux cultures de maïs de performer tout en minimisant l’impact sur les pollinisateurs et la santé humaine », conclut-il.