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Cinq minutes. C’est environ le temps que prend le drone utilisé par Anatis Bioprotection pour survoler deux hectares et demi d’un champ, et pour y déverser ses capsules gorgées de trichogrammes, des guêpes minuscules qui s’attaquent à la pyrale du maïs.
Selon Nicolas Deschamps, propriétaire de Drone DesChamps, qui manœuvre l’appareil utilisé par Anatis dans ses expériences, le potentiel du procédé est immense. « Avec le système de capsules, on pourrait aller jusqu’à 200 hectares par jour », soutient-il.
Quand on pense que l’installation manuelle des trichocartes sur chaque plant demande environ 30 minutes à l’hectare, en plus d’une petite armée d’employés, le gain de productivité suscite l’intérêt, en particulier lorsque la main-d’œuvre est rare comme en ce moment. « On s’entend que les agriculteurs qui ont de grandes superficies, des centaines d’hectares, n’ont pas la main-d’œuvre pour faire installer des trichocartes [à la main] », explique Mylène Saint-Onge, directrice scientifique chez Anatis Bioprotection, qui mène l’expérimentation sur le terrain.
Derniers tests avant la commercialisation
Les expériences menées en ce moment aux Jardins Vinet, de Saint-Rémi, et chez Agro-Fusion, de Saint-Polycarpe, reproduisent des conditions réelles de production, précise Mme Saint-Onge. L’objectif consiste à colliger un nombre suffisant de données probantes afin de les présenter aux producteurs lors de la mise en marché du service, d’ici quelques mois. « Le but, c’est vraiment d’arriver et de dire : “Regardez, cinq hectares, ça vous coûte tant… Voici, on l’a fait sur un champ complet.” » Le coût de cette lutte à la pyrale du maïs, par drone, sera connu au cours de l’automne 2021. On sait toutefois déjà qu’une partie seulement des producteurs y trouveront leur compte. « C’est sûr que pour les petites superficies, faire venir l’équipe de drones ou s’acheter un drone soi-même, ça ne vaut pas la peine », analyse Mme Saint-Onge.
Nicolas Deschamps abonde dans le même sens. Selon lui, il faut de grandes surfaces pour rentabiliser ce type d’opération, mais aussi que le producteur des capsules puisse les produire à un prix compétitif par rapport aux produits concurrents.
L’idée de devenir une solution de rechange valable aussi pour les producteurs non biologiques fait partie des plans d’Anatis Bioprotection. « On se dit que si on est capables d’arriver au même coût qu’un non bio, le producteur va se demander : “Est-ce que je vais vers du chimique si, au même coût, j’ai du biologique?” », avance Alexandra Chicoine, coordonnatrice chez Anatis.
Second début
Les premières expériences d’épandage de trichogrammes par les airs, menées par Anatis Bioprotection, utilisaient des avions d’une firme spécialisée dans l’épandage. L’appareil survolait les champs et y pulvérisait les insectes, sous forme de solution, à la manière des épandages traditionnels. La vente des avions à des intérêts de l’ouest du pays a mis un terme à l’association. Si la technique fonctionnait bien, soutient Mylène Saint-Onge, l’utilisation d’un avion posait toutefois un défi technique considérable. « Quand on traite avec les trichogrammes [un traitement biologique], c’est sûr que l’avion doit être désinfecté s’il y avait des pesticides, des herbicides ou des trucs comme ça avant. Donc, on n’a pas trouvé d’autre compagnie d’épandage par avion qui était prête à désinfecter un avion pour faire un traitement comme ça. »
L’idée de remplacer l’avion par le drone s’est imposée d’elle-même. Le petit appareil de moins de deux mètres présente l’avantage d’être doté d’un réservoir exclusivement réservé aux capsules de trichogrammes. La possibilité de contamination se trouve ainsi écartée.
Le largage des capsules Les capsules de trichogrammes sont faites de cellulose. Elles ressemblent à des balles, un peu plus petites que celles de golf, et sont dotées d’un petit trou sur le dessus. Le drone, au plan de vol entièrement automatisé, survole le champ et largue les capsules aux endroits prévus par le programme informatique. Une fois au sol, les guêpes, au stade larvaire, s’échappent par l’orifice de la capsule et se mettent à la recherche des teignes de la pyrale avant qu’elles ne s’introduisent dans la tige du plant de maïs ou dans son épi. Anatis Bioprotection vise l’épandage de 400 000 trichogrammes par hectare. |
Claude Fortin, collaboration spéciale