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Les pesticides de la famille des néonicotinoïdes pourront encore être utilisés au Canada, selon la plus récente décision de Santé Canada rendue à la suite d’examens spéciaux concernant leur impact sur les insectes aquatiques. Cette décision concerne la clothianidine et le thiaméthoxame. Celle pour l’imidaclopride sera connue plus tard.
« Selon l’évaluation scientifique mise à jour, il a été déterminé que certaines utilisations ne posaient pas un risque acceptable pour les insectes aquatiques. D’autres utilisations nécessitent des mesures d’atténuation supplémentaires [dont des doses d’application réduites, la diminution du nombre d’applications ainsi que l’établissement de zones tampons]. Avec ces mesures d’atténuation en place et lorsque ces produits sont utilisés conformément aux instructions révisées de l’étiquette, les risques pour les insectes aquatiques découlant de l’utilisation de ces produits sont acceptables », souligne André Gagnon, conseiller en relation avec les médias pour Santé Canada. Les examens portaient sur ces insectes puisqu’ils constituent la nourriture de poissons, oiseaux et autres animaux présents dans les cours d’eau où les néonicotinoïdes ont souvent été détectés.
Au Québec, depuis 2018, les agriculteurs doivent obtenir une prescription d’un agronome pour pouvoir utiliser l’un de ces produits. Cette décision n’aura donc pas beaucoup d’impact sur les pratiques des agriculteurs québécois, qui utilisent moins les néonicotinoïdes, mais elle permet tout de même d’avoir « un outil supplémentaire pour la lutte aux ravageurs qui sont présents dans les champs », souligne le président des Producteurs de grains du Québec (PGQ), Christian Overbeek. Il ajoute faire confiance aux études menées par l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) pour en venir à cette décision. « Les producteurs ont la face dedans. Ce sont les premières personnes concernées », affirme-t-il.
Des apiculteurs déçus
Le secteur apicole est toutefois déçu de la décision de Santé Canada, puisqu’il juge que ce type de pesticides nuit aux abeilles. « Ce n’est pas parce qu’elles ne sont pas tuées qu’elles ne sont pas affectées. Les néonics les désorientent. Les abeilles quittent la ruche, elles perdent la mémoire et ne reviennent pas. Ç’a un effet vicieux où les ruches sont dépeuplées », indique Nicolas Tremblay, agronome et conseiller apicole provincial au Centre de recherche en sciences animales de Deschambault.
Julie Fontaine, 2e vice-présidente des Apiculteurs et Apicultrices du Québec, estime que l’ARLA aurait dû jouer plus de prudence et aller dans le même sens que le Québec, qui exige une prescription. « On ne réclame pas que les produits ne soient pas utilisés, mais qu’ils ne le soient pas s’il n’y a pas de besoin », indique-
t-elle. L’apicultrice souhaite que la population se mobilise et pose plus de questions sur les impacts de l’usage des pesticides.
D’autres pesticides à surveiller
Depuis que ce type de pesticides est sous prescription au Québec, les agriculteurs se sont tournés vers d’autres types de pesticides, dont ceux de la famille des diamides. Selon Nicolas Tremblay et Julie Fontaine, cela fait en sorte que la problématique reste entière et il faut recommencer le processus à zéro, puisque le focus était uniquement fait sur les néonics. « Les interventions de Santé Canada devraient être faites sur l’ensemble des pesticides. Sinon, on recommence pour chaque famille », déplore M. Tremblay.
Santé Canada assure avoir obtenu des données de différentes sources pour rendre sa décision, dont des études de surveillance de l’eau.