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En 2021, les ventes de pesticides ont franchi un nouveau sommet au Québec en dépassant le seuil des 5 millions de kilogrammes d’ingrédients actifs (kg i.a.) vendus dans les milieux agricole et urbain confondus, selon le plus récent bilan du ministère de l’Environnement, dévoilé récemment.
Ce dernier explique cette hausse par des ventes dans le milieu agricole qui sont revenues à un niveau comparable à la moyenne des dernières années, ainsi que par une augmentation, pour une deuxième année consécutive, des ventes en milieu urbain.
Le glyphosate, un herbicide vendu dans le milieu agricole, domine le palmarès avec 34 % des ventes totales. Ce produit est d’ailleurs responsable de près des trois quarts de la hausse des ventes observée depuis 2020, précise le ministère. La moyenne des ventes de ce produit de 1992 à 2007 était de 2,9 millions de kg i.a., alors qu’entre 2007 et 2021, cette moyenne est passée à 3,5 millions.
Le deuxième produit le plus vendu, dans une proportion de 13 % de ventes totales, est la farine de gluten de maïs, un biopesticide utilisé en milieu urbain pour contrôler la prolifération de pissenlits. Le bilan souligne à ce sujet que les ventes de biopesticides ont progressé de manière importante dans les dernières années. Du côté agricole seulement, les quantités vendues ont augmenté de 27 % par rapport à 2019.
Chute des ventes de cinq pesticides controversés
Par ailleurs, cinq produits qui doivent recevoir depuis 2018 une prescription agronomique pour être utilisés ont vu leurs ventes chuter. Il s’agit de l’atrazine, un herbicide utilisé dans les cultures de maïs, le chlorpyrifos, un insecticide utilisé dans les cultures maraîchères, et trois néonicotinoïdes (clothianidine, imidaclopride, thiaméthoxame), des insecticides utilisés dans les grandes cultures et les cultures maraîchères. Les ventes d’atrazine sont celles qui ont connu la plus grande baisse, passant de 35 800 kg i.a. en 2018 à 5 098 en 2021, soit une baisse de 90 %.
Cette réduction des ventes des pesticides les plus à risques sur cinq ans réjouit le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, André Lamontagne, qui cible cet objectif dans son Plan d’agriculture durable 2020-2030.
Par ailleurs, dans une réponse envoyée par courriel, le ministre a précisé que la hausse des ventes totales de pesticides rapportée dans le bilan du ministère de l’Environnement fait référence à l’année 2021, alors que l’Initiative ministérielle de rétribution des pratiques agroenvironnementales, qui vise entre autres à soutenir les agriculteurs dans la réduction de l’usage des pesticides de synthèse, a été lancée en 2022. Un bilan de mi-parcours, prévu en 2025, devrait permettre de mieux évaluer si les objectifs sont en voie d’être atteints, a-t-il fait valoir.
Hausse des risques pour la santé et l’environnement
Les risques des pesticides sur la santé et l’environnement, qui avaient chuté de 2017 à 2018 après l’entrée en vigueur des prescriptions agronomiques sur cinq produits à plus haut risque, ont repris une courbe ascendante depuis 2019. Le ministère de l’Environnement associe notamment cette hausse à l’arrivée de produits de remplacement, dont un qui est apparu en 2020 et qui est utilisé en remplacement direct de l’atrazine dans la culture de maïs. Il estime néanmoins que les risques de ces produits sont moins importants que ce qui était calculé pour l’atrazine avant la réglementation.
En chiffres
Ventes d’atrazine (en kilogrammes d’ingrédients actifs) :
2018 : 35 797
2019 : 19 869
2020 : 5 570
2021 : 5 098
Source : Direction des matières dangereuses et des pesticides/ministère de l’Environnement