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Boisement et reboisement des terres inexploitées, protection des tourbières et adoption d’un régime alimentaire à faible impact sur les émissions de gaz à effets de serre : voilà quelques-unes des recommandations proposées par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) dans un rapport spécial dévoilé le 9 août.
Intitulé Le changement climatique, la désertification, la dégradation des sols, la gestion durable des terres, la sécurité alimentaire et les flux de gaz à effet de serre dans les écosystèmes terrestres, le rapport de plus de 1 200 pages propose aux décideurs de la planète une trentaine de pistes à envisager pour à la fois assurer la sécurité alimentaire de 10 milliards d’humains en 2050 et réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES).
Les producteurs interpellés
Certaines d’entre elles interpellent directement le milieu agricole. Les experts du GIEC invitent notamment les producteurs à gérer leurs terres de façon durable en y réinjectant du carbone sous forme de matière organique « par l’utilisation d’engrais verts et de cultures de couverture, la conservation des résidus de cultures et un travail du sol réduit, voire nul ». Selon eux, l’érosion des sols dans les champs labourés est de 100 fois supérieure à la capacité du sol lui-même à se régénérer.
Pareilles techniques de production ont été mises de l’avant par des agronomes du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) ces dernières années. L’un d’entre eux, Louis Robert, n’est pas surpris des recommandations des experts du GIEC. « Dès qu’on laboure ou qu’on herse un champ, on expose la matière organique à l’oxydation et à la décomposition », indique celui qui a retrouvé son poste au MAPAQ le 5 août. En plus d’être avantageuse du point de vue environnemental, l’adoption du semis direct et de couvertures de sols serait selon lui avantageuse d’un point de vue agronomique, mais aussi économique pour le producteur. « Tout ce qui va améliorer le bilan environnemental va aussi améliorer la productivité des sols », affirme le spécialiste.
Réduire son impact, sans devenir végétarien
Les experts du GIEC ont aussi abordé la question de l’élevage animal dans leur rapport, soulignant entre autres l’impact négatif des élevages bovins sur les émissions de GES. Contrairement au message véhiculé par certains médias, les experts se sont toutefois gardés de recommander le végétarisme comme solution au problème. « Des régimes équilibrés, incluant des aliments d’origine végétale comme ceux basés sur les grains, les fruits et légumes, les noix et les légumineuses ainsi que de la nourriture d’origine animale produite de façon durable et dans un contexte de faibles émissions de gaz à effet de serre, présentent des occasions majeures pour l’adaptation et l’atténuation [du réchauffement climatique] en plus d’offrir des cobénéfices pour la santé humaine », ont-ils indiqué dans le résumé de leur rapport.
Le professeur à la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation à l’Université Laval Guy Debailleul souligne d’ailleurs que l’élevage est indispensable à la vie humaine dans certaines régions du globe. « Environ 40 % des sols agricoles du monde sont des prairies qui ne sont pas convertibles en culture, dit-il. La seule façon pour les gens là-bas de s’en servir, c’est de les convertir à l’élevage de ruminants. »