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En 1989, après avoir complété un doctorat en agriculture à l’Université de Floride, Gaétan Bourgeois a entamé sa carrière au centre de recherche et de développement d’Agriculture et Agroalimentaire Canada à Saint-Jean-sur-Richelieu. Son principal mandat : développer un outil qui permettrait de faire le pont entre le climat et les ravageurs en agriculture. À quelques jours de la retraite, le chercheur laisse derrière lui un outil informatique unique au monde.
Le logiciel CIPRA (Centre informatique de prévision des ravageurs en agriculture) permet de cibler en temps réel le meilleur moment pour certaines opérations agricoles, comme les interventions phytosanitaires. Il aide également, en établissant des scénarios climatiques jusqu’à l’an 2100, à prendre des décisions stratégiques pour l’avenir. « Les gens me disent souvent : “Tu ne peux pas t’imaginer à quel point c’est utile.” C’est très satisfaisant d’entendre ça », confie
M. Bourgeois, lors d’une l’entrevue accordée à La Terre. Selon lui, il s’agit d’un outil assez unique au monde, pas dans sa forme, mais dans sa particularité de regrouper au même endroit 30 cultures et plusieurs modèles.
Réchauffement climatique et stratégies
Le code du logiciel a été développé en collaboration avec plusieurs partenaires couvrant différents champs d’expertise, dont Ouranos, qui a fourni des scénarios climatiques pour les années 2011, 2040, 2070 et 2100. « Ces données nous ont permis de travailler sur 20 scénarios d’évolution des températures et des précipitations pour le Québec. On a créé une cartographie de tout ça, en faisant un lien avec des modèles biologiques qui répondent au climat, explique le chercheur, ce qui permet par exemple de savoir la date de floraison des pommiers en 2070 et de s’adapter en conséquence. »
Et à quoi donc ressemblera le climat du Québec en 2070? Une couverture de neige moins importante, un hiver plus court de deux à trois semaines, des températures moyennes plus chaudes et des extrêmes plus abrupts oscillant entre périodes de sécheresse et de précipitations intenses sont quelques exemples de ce qui nous attend, selon les données cumulées par le chercheur. « Il y aura bien sûr des effets négatifs auxquels les agriculteurs devront apprendre à s’adapter, mais il y aura aussi des occasions à saisir, bien qu’il y ait encore beaucoup de questions en suspens, notamment quant au potentiel d’autres ravageurs, des insectes surtout, qui pourraient provenir du sud », spécifie-t-il.
Pérennité d’un savoir Malgré son départ imminent du Centre de recherche et de développement d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, Gaétan Bourgeois part l’esprit tranquille, sachant que l’essentiel de ses recherches se retrouve dans le logiciel CIPRA. « Je compare souvent ma carrière à un grand casse-tête. À travers les années, tous les morceaux ont été placés pour former ce logiciel, dont la première version a été lancée en 1994 et la dernière en avril. C’est notre grosse réalisation », illustre-t-il. Aussi, il espère que son travail continuera d’abreuver les travaux d’autres chercheurs et que le logiciel continuera à être utilisé comme outil d’aide à la décision pour les agronomes et les agriculteurs. Une fois retraité, il envisage de continuer à faire du mentorat auprès des générations de chercheurs qui lui succèdent. |