Environnement 10 juillet 2023

Deux nouveaux laboratoires vivants en agroenvironnement au Québec

COATICOOK – Deux nouveaux laboratoires vivants, soit des projets de recherche en agroenvironnement impliquant à la fois des scientifiques et des producteurs agricoles, seront lancés d’ici quelques mois au Québec. Une centaine de fermes seront appelées à tester diverses pratiques visant la séquestration de carbone et la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

C’est ce qu’a annoncé la ministre de l’Agriculture du Canada, Marie-Claude Bibeau, lors d’une conférence de presse tenue à Coaticook, le 10 juillet. Ottawa injectera 16 M$ sur cinq ans pour la mise en œuvre de ces deux initiatives qui feront suite au premier projet québécois du genre déployé au lac Saint-Pierre, entre Trois-Rivières et Sorel-Tracy, de 2020 à 2023.

Un montant de 9,2 M$ est réservé au déploiement de travaux pilotés par l’Union des producteurs agricoles (UPA), qui impliquera environ 80 fermes de toutes les régions du Québec en production laitière, bovine, porcine, ovine et de grandes cultures. Les 7 M$ restants sont accordés aux Producteurs de lait du Québec pour la mise en place d’un laboratoire vivant intégrant un réseau de 20 fermes laitières dispersées en Estrie, au Lac-Saint-Jean, au Bas-Saint-Laurent et en Montérégie. 

« Le projet de recherche du lac Saint-Pierre étant maintenant complété, on est prêts à lancer non pas un, mais bien deux nouveaux laboratoires vivants au Québec », s’est réjoui la ministre, affirmant que ce concept tel qu’appliqué au Canada suscite beaucoup de curiosité et d’intérêt de la part de la communauté scientifique du monde entier (voir l’encadré).

« C’est vraiment une initiative canadienne. J’en parle toujours avec beaucoup d’admiration et de confiance quand je suis dans les forums internationaux », a-t-elle ajouté en entrevue, en marge de la conférence de presse.

Détails des deux nouveaux projets

Pour le président de l’UPA, Martin Caron, le laboratoire vivant du lac Saint-Pierre, auquel ont été impliqués 200 producteurs, conseillers agricoles, intervenants et scientifiques, a été un « vrai succès », ce qui justifie la mise en place d’un nouveau projet, en continuité de celui-ci, qui s’étendra cette fois à la grandeur du Québec et qui ciblera surtout la séquestration de carbone.

« On va mettre en place cinq cellules qui vont nous permettre de travailler avec des producteurs, mais qu’on va accompagner avec des chercheurs, pour développer ou adapter nos productions et nos façons de faire pour répondre à ces enjeux-là de bas carbone », a détaillé M. Caron en entrevue.

Des objectifs de réduction d’émissions seront ainsi définis pour les fermes participantes qui testeront diverses techniques de gestion du fumier organique, des fertilisants et des engrais chimiques, en agroforesterie, d’appropriation du foin d’odeur, et de cultures de plantes fourragères.

Un autre volet du projet sera dédié au transfert de nouvelles connaissances entre les producteurs participants et tous les autres producteurs du Québec, par exemple par l’entremise d’échanges et de webinaires.

Le second projet de laboratoire vivant, qui s’inscrit dans la volonté que s’est donnée l’industrie canadienne d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050, n’implique que des fermes laitières. Il explorera et évaluera sur cinq ans les méthodes de gestion de troupeau, relatives à l’alimentation animale, à la gestion de fumier et à la gestion des champs les plus efficaces pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre. L’évolution du bilan carbone des fermes participantes sera mesurée tout au long du processus.

Un forum international sur les laboratoires vivants à Montréal

En octobre prochain, Montréal sera l’hôte d’un grand forum international sur les laboratoires vivants auquel participeront des scientifiques du monde entier. Des chercheurs canadiens, mais aussi américains et européens y présenteront leurs projets à la communauté internationale. Ce sont Agriculture et Agroalimentaire Canada et l’Institut national de la recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement de la France qui organisent conjointement le premier événement du genre appelé Forum international des laboratoires vivants dans les agroécosystèmes.