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LÉVIS – La deuxième édition du Sommet agroenvironnemental a gonflé à bloc plusieurs intervenants des milieux agricole, universitaire et politique quant à la nécessité d’accroître les efforts visant à améliorer les pratiques environnementales à la ferme.
L’événement s’est tenu le 15 mars à Lévis et a rassemblé 250 participants. Parmi la série de conférences, un panel sur la résilience a permis à l’agriculteur Robert Rossier d’être présenté comme un acteur inspirant de l’agroenvironnement, lui qui a adopté plusieurs mesures à sa ferme.
Ses pertes de sol dans ses champs en pente l’ont d’abord convaincu de passer au semis direct. Plus récemment, il dit avoir fait un bond important en intégrant des cultures de couverture et des engrais verts à ses cultures. « Là, c’est parti », a indiqué celui qui est en démarche pour réduire ses doses d’azote et pour « débarquer », selon ses propres mots, l’application de phosphore et de potasse. Non seulement ses pratiques représentent un gain pour l’environnement, mais elles lui permettent de mieux positionner sa ferme face aux changements climatiques, comme les sécheresses. « La rétention de l’eau dans un sol en santé, c’est exponentiel ce que tu peux garder versus dans un sol dégradé », assure le propriétaire de la Ferme Rodovanel, située à Chesterville dans le Centre-du-Québec.
Adopter des mesures agroenvironnementales devient toujours plus stimulants pour lui. « On devient des tripeux », a affirmé l’agriculteur. La même expression a été utilisée au micro par un autre agriculteur, Stéphane Alary, qui fait des essais dans ses champs afin d’améliorer ses pratiques depuis une vingtaine d’années.
Ce sommet était organisé par la Chaire de recherche du Canada en économie écologique de l’Université du Québec en Outaouais et par l’Union des producteurs agricoles (UPA). Le président de l’UPA, Martin Caron, a d’ailleurs affirmé dans son mot d’ouverture que les producteurs étaient prêts à faire un virage environnemental « généralisé ».
Des gains difficiles à chiffrer
L’agroenvironnement est l’une des tendances de l’heure, notamment par l’annonce du programme de rétribution des pratiques agroenvironnementales avec des subventions gouvernementales pouvant atteindre 50 000 $ par ferme. L’un des conférenciers, Jean Larose, est cependant venu rappeler à l’auditoire que l’agroenvironnement n’a rien de nouveau. Cela fait 35 ans que des mesures sont mises en place au Québec, comme le stockage étanche des déjections animales, la fertilisation raisonnée, la rotation des cultures et les engrais verts. Il a même précisé que les Éleveurs de porcs du Québec, dont il a été le directeur général, avaient déjà mesuré leur empreinte carbone et procédé au bilan sur la qualité de l’eau en 2010. Lors de sa présentation, il a souligné que beaucoup de travail a été réalisé, mais qu’au nom de l’acceptabilité sociale notamment, il fallait que l’agriculture aille « plus loin et plus vite » en matière d’agroenvironnement.
M. Larose a mentionné que le programme Prime-Vert chapeauté par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec avait offert jusqu’à maintenant 660 M$ aux fermes pour améliorer leurs pratiques environnementales. Avec l’argent également injecté par les agriculteurs, la somme atteint le milliard de dollars, a-t-il calculé. Sauf qu’en termes de résultats, M. Larose s’est demandé, en conférence, ce que ce milliard a réellement permis d’apprendre ou d’améliorer. Il a montré du doigt le plus récent bilan de la qualité des cours d’eau et des écosystèmes aquatiques publié par le ministère de l’Environnement du Québec en 2020 dans lequel plusieurs cours d’eau en milieu agricole étaient jugés dans un état mauvais et ne s’étaient pas améliorés.
Présent au Sommet, le ministre de l’Agriculture du Québec, André Lamontagne, a vanté avec enthousiasme son nouveau programme de rétribution des pratiques agroenvironnementales, disant qu’il contribuerait au bénéfice des consommateurs et à la prospérité du secteur agricole et agroalimentaire. Le ministre n’a toutefois pas été en mesure de dire si un bilan des résultats avait préalablement été effectué relativement aux 660 M$ de fonds publics qui auraient déjà été injectés dans le programme Prime-Vert. Ce programme, rappelons-le, a subventionné des pratiques comme le semis direct, la culture de plantes de couverture et l’élaboration de haies brise-vent, qui sont les principales pratiques du nouveau programme de rétribution. Le cabinet du ministre Lamontagne procédait à des vérifications au moment de publier cet article.
Plus de détails à venir dans l’édition papier du 23 mars de La Terre de chez nous.