Environnement 26 avril 2023

Des pratiques écoresponsables fondées sur l’efficacité à la Ferme Plamondon & Fils

À la Ferme Plamondon et Fils, la passion de l’agriculture se cultive suivant une longue tradition de gestion avisée. Pour cette exploitation familiale en production vache-veau et grandes cultures, s’adapter aux changements climatiques nécessite d’apprivoiser de nouveaux standards.

« La grosse variation chez nous se situe dans les extrêmes. Quand il pleut, il pleut trop. Quand il fait chaud, c’est trop sec. Et il vente beaucoup plus qu’avant, presque continuellement maintenant. On remarque de grands écarts de température », observe Félix Desaulniers, copropriétaire et fier producteur de la relève qui supervise un cheptel d’environ 450 têtes. 

Des sorties de secours

Aux dires du jeune producteur, l’un de ses meilleurs atouts est la superficie de l’entreprise, qui excède les besoins actuels de la ferme. « On trouve toujours une porte de sortie pour arriver à nos fins, mais ça demande de jongler », convient-il. Dans l’optique de préserver ces vastes cultures, l’agriculteur mise sur une transition progressive des cultivars vers des espèces pérennes, en bonifiant notamment les prairies de fétuque plantées autrefois par son père. « C’est ma plante de secours. Elle ne connaît pas beaucoup de variations de performance comparativement à d’autres sortes de graminées. On veut aussi intégrer de nouvelles plantes dans nos régies pour garantir le garde-manger de nos vaches », souligne le producteur. L’agronome Gauthier Debuysscher, qui accompagne la ferme, témoigne du processus entamé par le producteur. « L’adaptation des prairies et pâturages vis-à-vis le stress climatique est amorcée. Félix avait déjà commencé à implanter de la fétuque élevée, une plante plus tolérante aux excès de chaleur, de sorte qu’en cas de sécheresse, la fétuque prendra le relais parmi d’autres espèces fourragères. C’est une transition qui s’opère sur le long terme, étape par étape au fil des saisons », indique l’agronome.

Les nouvelles connaissances acquises grâce au projet Agriclimat ont permis à Félix de réduire son empreinte carbone.

L’accès à l’eau, une logistique à repenser

Bien qu’une grande partie des pâturages de la ferme soit approvisionnée par l’aqueduc municipal pour abreuver les animaux, certains manques inquiètent l’éleveur. « Pour un de nos groupes de vaches au pâturage, on doit puiser l’eau dans un ruisseau. Il m’est arrivé de trouver ce ruisseau où nous pompions l’eau depuis des décennies à sec, ce qui ne s’était jamais produit », raconte le jeune producteur, qui a vu cette nouvelle
réalité compliquer considérablement sa logistique. « Il a fallu puiser l’eau ailleurs pour la transporter avec des citernes. On a perdu beaucoup de temps à gérer l’eau », témoigne M. Desaulniers, qui envisage d’installer un système d’aqueduc permanent pour cette section de ses pâturages. 

De bonnes pratiques acquises et apprises

Le producteur révèle avoir appris quelques faits surprenants de son bilan carbone, notamment en ce qui concerne les pratiques de sa ferme. « Je n’avais pas réalisé qu’une vache produisait autant de CO₂! » s’exclame-t-il en riant. « J’appréhendais beaucoup de ma consommation de carburant et je cherchais des stratégies de réduction à ce poste. Mais finalement, ça ne représente même pas le quart des émissions », atteste le producteur. « La fabrication et la consommation d’énergie comptent effectivement pour 6 % du total des émissions de GES de la ferme », précise Gauthier Debuysscher, ajoutant que 50 % des émissions totales de l’entreprise proviennent de la fermentation entérique et 32 % de la gestion des fumiers. Dans ce dernier cas, le producteur se dit avantagé par sa logistique de gestion et par les hivers rigoureux dans sa région. « On a des enclos d’hivernage, donc notre litière est accumulée à l’extérieur, où elle reste gelée de décembre à mai. Lorsque le fumier dégèle, on le transporte directement au champ », explique M. Desaulniers. « Ce mode de gestion, qui est le plus simple pour nous, est aussi une façon efficace de réduire les émissions de GES du fumier, sachant que lorsque le fumier est accumulé en conditions chaudes, les émissions de GES sont plus importantes. » 

Les nouvelles connaissances acquises grâce au projet Agriclimat encouragent aussi le producteur dans la poursuite de certaines pratiques dans la gestion de l’élevage. « Nos superficies de pâturage de plus de 3 ha par vache sont assez grandes et nos vaches broutent de mai à novembre, ce qui est un bon point pour nous », commente l’agriculteur, qui compte optimiser ses acquis en développant d’autres avenues. « La réduction du travail de sol, le semis direct et l’augmentation de l’implantation de cultures de couverture intercalaires et pour couvrir les sols en hiver font partie des volontés de Félix », confirme à ce sujet M. Debuysscher. « Ces pratiques vont contribuer à diminuer les émissions liées aux sols, qui comptent pour 8 % des émissions de l’entreprise », précise-t-il, rappelant que ces pistes d’intervention figurent parmi d’autres options évolutives adaptées au contexte et aux projets de l’entreprise.

PLAMONDON & FILS
Représentée par :

Félix Desaulniers

Production :

Bovine (vache-veau et bouvillons d’engraissement)

Conseiller :

Gauthier Debuysscher (Groupe Conseil Agricole de l’Abitibi) 

Partenaire régional Agriclimat :

Anne-Marie Trudel, Fédération de l’UPA d’Abitibi-Témiscamingue


Qu’en dit la science?

Le pâturage intensif est une façon d’offrir une herbe jeune et riche en énergie aux animaux, notamment pendant les canicules alors que leurs besoins énergétiques sont élevés. De plus, la température au sol est moins élevée au pâturage que dans un enclos en terre battue, où le sol nu absorbe davantage de chaleur.