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Plusieurs maladies affectent l’abeille domestique (Apis mellifera), dont le couvain plâtré, une maladie fongique causée par Ascosphaera apis. Le couvain plâtré est connu depuis une centaine d’années, mais, au départ, on le retrouvait seulement en Europe. Considéré comme invasif, Ascosphaera apis s’est répandu partout sur le globe à la suite des échanges internationaux d’abeilles.
Généralement, cette maladie ne ravage pas le cheptel apicole, mais elle est fréquemment rencontrée au Québec. En fait, il s’agit d’un problème mineur chez les apiculteurs amateurs, mais les conséquences économiques peuvent être d’ampleur pour les apiculteurs de profession, puisque la maladie affaiblit les colonies et peut entraîner des pertes de miel considérables.
Une ruche affectée présentera des anomalies, principalement du côté du couvain, terme qui englobe l’ensemble des stades de développement de l’insecte à partir des œufs jusqu’à l’abeille émergente, en passant par les larves et les nymphes. Telles des momies, certaines larves et nymphes seront sèches, spongieuses et d’un blanc crayeux, alors que d’autres seront noires. En effet, Ascosphaera apis consomme les larves pour se développer, laissant derrière lui des momies blanches crayeuses. Alors qu’il poursuit son développement, il produit également des spores noires, seconde couleur caractéristique des momies, indiquant un stade d’infection plus avancé.
De plus, le couvain en santé pourra être anormalement dispersé en mosaïque sur les cadres, de sorte que les espaces laissés par du couvain mort refléteront le taux de mortalité. Aussi, l’opercule de certaines cellules pourrait présenter de minuscules trous mâchés indiquant le travail d’inspection des abeilles nourricières. Effectivement, ces dernières désoperculent les alvéoles dans le but d’expulser le couvain anormal hors de la ruche. Globalement, la colonie sera affaiblie en raison d’une atteinte au couvain.
L’importance de la prévention
Le contrôle de l’ascosphérose passe davantage par la prévention puisqu’il n’existe pas d’antifongique efficace et sécuritaire pour lutter contre cette maladie. Autant que faire se peut, les ruches doivent être placées dans un milieu de vie défavorable à la croissance de fongus, c’est-à-dire dans un environnement sec. Pour maintenir l’humidité à un niveau acceptable, les ruches peuvent être placées au soleil. Ensuite, des plateaux grillagés peuvent être utilisés pour aérer et la ruche peut être légèrement inclinée pour favoriser l’évacuation d’eau de pluie.
Un effort de nettoyage doit être accompli en éliminant les débris de momies en dedans et en dehors de la ruche pour éviter la contamination par les spores. Celles-ci étant présentes partout (miel, pollen, cadres, eau, tube digestif des abeilles, etc.), l’application rigoureuse de bonnes mesures sanitaires par l’apiculteur est très importante dans le contrôle du couvain plâtré. Les plateaux peuvent être désinfectés avec un antifongique sporicide, mais attention aux résidus dans le miel. Les cadres contaminés devraient idéalement être remplacés. Le transvasement (le fait de transvider les abeilles adultes dans une ruche propre afin de diminuer la charge en spores infectieuses retrouvées dans les cadres de couvain) s’avère également utile, mais doit être pratiqué au printemps. Si la génétique de la reine ne favorise pas une bonne capacité de nettoyage, elle peut être remplacée. D’autre part, des traitements à l’huile essentielle de sarriette des montagnes (Satureja montana) se seraient montrés efficaces.
Ces mesures devraient suffire au contrôle puisque c’est une maladie mineure qui ne tue que rarement les colonies, mais dans le cas d’une ruche hautement infectée, la destruction est recommandée pour minimiser les risques que la contamination s’étende au rucher. En effet, chacune de ces momies contient des millions de spores qui demeurent infectieuses pendant des années et qui sont dispersées dans l’environnement par les éléments, mais aussi par le mouvement des abeilles qui en portent sur elles.
Sarah Tremblay, Étudiante au doctorat
Dre Marie-Odile Benoit-Biancamano, m.v.
Faculté de médecine vétérinaire, Université de Montréal