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SAINTE-CLOTILDE – Les changements climatiques, qui ont pu sembler un phénomène flou jusqu’à aujourd’hui, frappent fort cette année au Québec, avec des cultures gravement touchées par un gel tardif, suivi de sécheresses printanières et ensuite de pluies surabondantes par endroits causant des pertes. De quoi semer l’inquiétude chez les producteurs pour la météo des années à venir.
Au Québec, le maraîcher Éric Van Winden assure que la situation des changements climatiques est préoccupante, lui qui a fait partie des nombreux agriculteurs à s’être déplacés à un point de presse de producteurs réclamant des mesures d’aide d’urgence au gouvernement provincial (voir autre texte). « On était près de 200 qui se sont déplacés, un 4 août, alors qu’on est tous enterrés d’ouvrage dans nos champs. C’est assez impressionnant. Ça montre que le signal d’alarme est là », exprime le copropriétaire de la Ferme Delfland, à Napierville.
Également vice-président de l’Association des producteurs maraîchers du Québec, il rapporte qu’au moins un membre envisage de « tirer la plug » si La Financière agricole du Québec n’offre pas de l’aide adéquate pour soutenir les producteurs face aux changements climatiques. Lui-même accumule des pertes de récolte d’environ 40 % jusqu’à maintenant dans ses quelque 550 ha en cultures. « Ça se compte en millions de dollars! » fait-il valoir.
Le mal est fait
Denis Forino, propriétaire de l’entreprise Forino Produce, qui a accueilli le point de presse du 4 août, est lui-même affecté par les pluies diluviennes des dernières semaines. « Je parle avec plusieurs producteurs de la région, et nous sommes tous en détresse en ce moment », affirme celui qui a perdu 75 % de ses récoltes, cette année. Le producteur de carottes, de chou et de laitue explique qu’il a été difficile de les sauver. « Nous utilisons des pompes pour sortir l’eau, mais le mal est fait », se désole-t-il.
Certains producteurs sont venus de loin – voire de l’île d’Orléans – afin de témoigner leur soutien à leurs confrères et consœurs. C’est le cas d’Amélie Reny-Coulombe, productrice de la Ferme Jacques Coulombe et Fils, qui tenait à participer à cet « événement de solidarité ». Sur la route de trois heures trente qui l’a menée vers Sainte-Clotilde, la productrice de crucifères a vu défiler des champs en piètre état et a remarqué une odeur de pourriture provenant des champs ravagés par la pluie. « Nos entreprises, se sont nos bébés, nos joyaux familiaux. Quand je vois des gens qui ont de la misère, ça me touche. Le déluge, je pourrais l’avoir chez nous demain. Personne n’est à l’abri », s’inquiète-t-elle.
Une prise de conscience
L’agronome Éric Thibault se fait parler des changements climatiques par ses clients. « Les producteurs, je pense qu’ils prennent ça au sérieux. Il y en a qui étaient déjà en mode action. Ils améliorent leur structure de sol, le nivellement, le drainage, le contrôle du trafic pour diminuer la compaction. Ça fait une grosse différence : les champs avec des structures de sol exceptionnelles ont eu beaucoup moins d’impacts négatifs de la sécheresse, ce printemps. Et quand le gros coup d’eau est arrivé, on n’a pas remarqué de dégradation dans leur maïs, comparativement à d’autres où [la structure de sol], ce n’est pas beau et où les rendements seront affectés », compare le directeur de Pleine-Terre, qui assure la gestion de sept clubs-conseils desservant plus de 400 producteurs.
Certains agriculteurs prennent des actions; d’autres, non, mais Éric Thibault conclut qu’autant les producteurs que les conseillers ne réussiront pas à solutionner facilement l’enjeu des changements climatiques. « On rentre dans une grosse phase d’inconnu », réfléchit-il.
Des bêtes terrassées par la chaleur aux États-Unis
Par Martin Ménard
Au même moment où des cultures québécoises croulaient sous l’eau en juillet, des centaines d’animaux d’élevage ont été trouvés morts au sol, aux États-Unis, emportés par les chaleurs excessives qui ont sévi dans les États centraux, comme le Kansas. Un producteur de l’Iowa Gary Vetter a dit que les animaux s’effondraient sans qu’il n’y ait rien à faire. « Je n’ai jamais vu une chose semblable », a-t-il mentionné à l’agence de nouvelles Reuters. Avec le facteur humidex, la température atteignait les 47 °C dans sa région.