Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
MONT-BRUN — Il était une fois un grand méchant loup qui s’attaquait aux veaux de M. Migneault. Depuis huit ans, les animaux de la Ferme CM Migneault, du secteur Mont-Brun à Rouyn-Noranda, sont dignes de personnages de contes pour enfants. Ils sont assaillis par des loups.
De la fenêtre de sa résidence, Maurice Migneault a tout vu. « Ils étaient cinq et se sont attaqués à des veaux pesant entre 550 et 600 livres chacun, raconte-t-il. Contrairement à ce qu’on peut penser, ils ne sautent pas au cou des animaux. Ils attaquent par-derrière. Une fois qu’ils ont fini, ils sont très excités. Alors ils retournent dans le bois et reviennent ensuite pour manger. »
En 2007, Maurice Migneault a perdu 90 veaux. Pendant quatre ans, les pertes ont été considérables. Avec l’aide de trappeurs, il s’est donc mis à tuer les loups qui étaient nuisibles à son troupeau. Le défi était de taille, car la Ferme CM Migneault est limitrophe du parc national d’Aiguebelle, zone où il est interdit de chasser ou de trapper. Il a réussi à supprimer toute la meute, mais la stratégie n’était pas la bonne. « Le loup est un animal territorial. Quand on élimine une meute, une autre vient s’emparer du territoire », explique-t-il.
Après avoir appris qu’il était contre-productif de tuer toute la meute, le producteur bovin a donc décidé de s’intéresser davantage aux loups et à leur comportement, ainsi qu’aux moyens qui existent pour protéger son bétail de ces bêtes. Il a appris que dans l’ouest du Canada, notamment en Alberta, une poudre chimique (strychnine) était utilisée pour contrôler les populations de loups et protéger les caribous. On insère le produit dans des carcasses d’animaux morts et le loup s’empoisonne. Cependant, ce produit est illégal au Québec. Il s’en est donc tenu à une trappe plus stratégique et en huit ans, il a fini par capturer 68 loups, mais a perdu 400 bêtes. « Je ne veux pas tous les éliminer, dit-il, mais à 1 800 $ le veau, faites le calcul. Ça fait mal! »
Au sud aussi
L’irruption des loups dans le monde agricole s’avère plutôt rare. Par contre, dans certaines fermes, d’autres types d’attaques ont été observées, soit celles d’un prédateur hybride entre le coyote et le loup, le coyloup. Le troupeau de Maurice Migneault, en Abitibi, en a été la cible, mais des agriculteurs d’ailleurs au Québec également. Ç’a été le cas de Martin Coulombe, producteur laitier à la retraite de Saint-Thomas de Joliette, il y a près de deux ans. « Je cherchais une vache qui me manquait et j’ai vu une tache par terre. Quand je me suis approché, je l’ai aperçue. Elle n’était pas morte, mais avait tout le derrière mangé, raconte-t-il. Le soir, il y avait des hurlements. Je n’avais jamais entendu ça! » Un trappeur a capturé quelques-uns de ces coyloups après cet épisode, mais la crainte de Martin Coulombe, elle, est demeurée. « On a décidé de ne plus sortir les vaches », mentionne-t-il.
Émélie Rivard-Boudreau, correspondante régionale
VOIR AUSSI
Ces orignaux qui détruisent les clôtures
Québec n’a pas de programme spécifique pour composer avec les prédateurs
Coyotes et corneilles s’attaquent davantage aux veaux