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Une résidente de Donnacona dans Portneuf, Catherine Laliberté, caresse depuis longtemps le rêve d’avoir sa propre ferme laitière. Voyant l’occasion d’y parvenir il y a six ans, lorsqu’un producteur de Neuville a mis sa terre et ses bâtiments en vente, elle s’est empressée, avec son conjoint, d’en faire l’acquisition.
Devant l’impossibilité d’obtenir du quota de démarrage, elle s’est retrouvée avec des installations vides à entretenir. C’est alors que cette passionnée d’élevage a eu l’idée de démarrer une garderie pour génisses.
« Quand on a acheté la terre, j’ai demandé à notre voisin s’il était prêt à nous transférer son quota, mais il l’avait déjà vendu. […] J’ai essayé ensuite d’en avoir [par l’entremise du programme d’aide au démarrage des Producteurs de lait du Québec], mais on me l’a refusé, parce qu’il me manquait un critère d’acceptation. Je n’avais pas fini ma formation en production laitière », raconte celle qui, en revanche, possédait une bonne expérience dans le domaine. Pendant 12 ans, elle a travaillé pour son conjoint, Elie Beaudry, qui a déjà détenu une ferme laitière, ainsi que pour d’autres producteurs. « Quand ça n’a pas été accepté, j’ai quand même gardé mes installations pour offrir des services de pension [pour taures] et avoir des revenus en me disant qu’un jour, je serai acceptée », poursuit l’éleveuse, qui n’abandonne pas le rêve d’avoir son propre troupeau, en plus d’offrir son service de pension pour génisses.
De l’élevage clé en main
Actuellement, Catherine Laliberté peut recevoir dans ses installations 230 têtes à la fois. Des producteurs lui amènent leurs génisses à deux mois, au sevrage, pour qu’elle en fasse l’élevage. Elle garde les taures jusqu’à environ 23 mois. Durant cette période, elle nourrit les animaux et veille à ce qu’ils aient les soins vétérinaires dont ils ont besoin, puis les insémine. Les propriétaires des génisses viennent les récupérer un mois avant qu’elles vêlent pour la première fois.
Mme Laliberté demande 5,10 $ par tête par jour à ses clients, excluant les frais de vétérinaires. « Quand les vaches sortent d’ici, elles sont prêtes à passer en production », précise l’éleveuse, qui assure ne pas être qu’une simple « gardeuse » d’animaux. « De la paille, il y en a en abondance, du foin, c’est à volonté. […] Les animaux sont rasés, vermifugés, les sabots sont taillés et la régie est sur la coche, énumère-t-elle. Je suis spécialisée là-dedans. »
Avouant ne pas s’accorder de salaire encore avec sa garderie, elle se dit capable de rentabiliser ses coûts d’intrants et de main-d’œuvre. Son conjoint et elle vivent par ailleurs de leur production de grandes cultures.
Le conseiller en gestion d’entreprises agricoles Luc Gagné est d’avis que le service de pension pour taures peut être une bonne option à moyen terme pour les personnes telles que Catherine Laliberté, qui sont en attente d’obtenir du quota ou qui ont vendu leur quota récemment, mais souhaitent conserver leurs installations. « On ne devient pas millionnaire avec ça et souvent, ça prend un autre travail à l’extérieur, mais au moins, ça permet d’aller chercher le potentiel de l’étable et de payer les charges fixes », dit-il.
Désireux de maximiser l’espace des vaches en lactation
Claude St-Amant, de Deschambault, fait partie des clients de Catherine Laliberté depuis 2016. Cette année-là, beaucoup de quota avait été émis aux producteurs. Souhaitant en profiter pour augmenter son cheptel de vaches en lactation, le producteur a choisi d’envoyer une partie de sa relève en pension pour dégager de l’espace dans ses installations existantes, plutôt que d’investir pour agrandir. Satisfait de son expérience, il a poursuivi l’élevage de ses génisses à forfait par la suite.
« Encore aujourd’hui, on préfère ne pas investir massivement [pour agrandir] en attendant de savoir si ma fille prendra la relève de la ferme », explique-t-il, estimant que pour certains producteurs dans sa situation, ce type de service est intéressant. M. St-Amant aime également les prix fixes et la prévisibilité chaque mois que lui procure l’élevage à forfait.