Élevage 6 novembre 2018

Vérification de la qualité du bœuf au Canada : résultats et solutions

La quatrième vérification de la qualité du bœuf au Canada a été réalisée au printemps dernier à la suite de plusieurs visites d’abattoirs qui se sont déroulées à travers le pays en 2016-2017.

Comme celles réalisées en 1995, 1998 et 2010-2011, cette vérification a permis de mesurer l’incidence et les coûts économiques liés à des défauts jugés évitables dans les fermes bovines canadiennes. Des milliers de bovins et de carcasses ont ainsi été examinés afin de déceler une grande variété de défauts possibles.

Principaux défauts étudiés

Des mottes durcies (tags)

Les mottes durcies de boue et de fumier sur la peau causent des dommages et peuvent augmenter le risque de contamination de la carcasse.
Les mottes durcies de boue et de fumier sur la peau causent des dommages et peuvent augmenter le risque de contamination de la carcasse.

Les mottes durcies de boue et de fumier sur la peau causent des dommages et peuvent augmenter le risque de contamination de la carcasse pendant le dépouillement, ce qui fait grimper le coût de main-d’œuvre des usines. Généralement liées à des conditions d’étable inappropriées, elles ont un impact négatif sur le bien-être des animaux et l’efficacité alimentaire.

Une carcasse très grasse

Une quantité excessive de gras dans les rations alimentaires cause un surplus de gras sur les carcasses et engendre des coûts supplémentaires de parage pour répondre aux spécifications de la vente au détail.

Abcès du foie

Impropres à la consommation humaine, les foies gravement endommagés par des abcès réduisent le rendement et l’efficacité des animaux, en plus de constituer un enjeu de bien-être animal.

Résultats obtenus 

Comparativement à celle de 2010-2011, la vérification de 2016-2017 a révélé les éléments suivants : deux fois plus de carcasses avec des mottes durcies, et deux fois plus de carcasses de grade 3 avec un surplus de gras ou au moins un abcès actif. Le poids moyen des carcasses a également augmenté de 58 lb (bœufs) et de 46 lb (génisses). Les coûts combinés des défauts observés ont augmenté de 10 $ par carcasse comparativement à l’année 2011, pour atteindre 67 $ en moyenne. Sur une note plus positive, le pourcentage de carcasses AAA/Prime est passé de 54 à 67 %.

Explications des résultats

Entre la vérification de 2010-2011 et celle de 2016-2017, le cheptel canadien de bovins à viande et l’abattage de jeunes bovins ont diminué. Parallèlement, la demande de bœuf au Canada a plus que doublé, en particulier pour le bœuf AAA. Dans un contexte où les importations sont similaires, la seule façon de répondre à cette demande croissante consiste à augmenter le poids de la carcasse en nourrissant les bovins plus longtemps. Si cela améliore le persillage, cela entraîne également une augmentation des défauts mentionnés ci-dessus. Les mottes durcies, pour leur part, sont en grande partie liées au climat, mais certains parcs d’engraissement ayant adopté des régimes de finition extrêmement faibles en fourrage peuvent aussi avoir tendance à utiliser moins de litière.

Pistes de solution

Que peut faire l’industrie bovine canadienne dans l’immédiat? Un nettoyage plus minutieux des parcs d’engraissement et un plancher de béton compacté au rouleau peuvent aider à éviter les trous de boue et les mottes durcies sur les carcasses. L’utilisation de plus de litière et une réduction de la proportion de céréales dans l’alimentation pourraient aussi contribuer à réduire les abcès du foie. Ces recommandations constituent de très grands défis. 

Dans l’Ouest canadien, de plus en plus d’éleveurs se tournent vers le blé, ce qui pourrait accroître le risque d’acidose et d’abcès du foie, et introduisent des antimicrobiens (comme Tylan) dans les aliments pour contrôler ces abcès. Considérant la forte proportion de maïs dans la ration, les éleveurs de l’Est ont aussi adopté cette pratique. Toutefois, l’utilisation de ce genre de produits est de plus en plus contestée par le public. De futurs articles décriront les nouvelles recherches qui proposent des pistes de solution pour aider les producteurs à relever ces défis.

Reynold Bergen, Directeur scientifique, Beef Cattle Research Council