Aux États-Unis, tous les veaux de lait vont devoir être élevés en logement collectif d’ici le 1er janvier 2017. Loi du marché oblige, les éleveurs québécois devront emboîter le pas. Deux d’entre eux témoignent de leur expérience.

En 2006, Rémy Pouliot, de la Ferme Rémy, Yolande et Tommy Pouliot, à Saint-Michel-de-Bellechasse, assiste au Symposium international de la filière veau à Saint-Malo, en France. Il en profite pour visiter des fermes de veaux de lait aménagées en logement collectif : « Tous ces producteurs mentionnaient qu’ils ne reviendraient jamais en arrière. » Deux ans plus tard, Rémy Pouliot doit rénover. « J’avais de la relève, mon fils Tommy, et il fallait se tourner vers l’avenir », indique-t-il. À la même période, à Sainte-Marie-de-Blandford, François Mayrand doit aussi rénover une section de son bâtiment aménagé en 1988 : « Le plancher devait être refait. Et il était question de plus en plus de bien-être animal et de logement collectif. J’en ai profité pour faire le saut. »

Individuel à collectif

Passer du mode d’élevage en logettes individuelles de ciment ou de bois au parc collectif apporte son lot de changements. Les 50 premiers jours, les veaux sont logés individuellement. En les isolant à leur arrivée, on facilite entre autres la détection de tout problème de santé dès l’apparition des premiers symptômes. « Par contre, en collectif, le veau n’a aucune contrainte d’attache », précise Rémy Pouliot. « Ils s’habituent au bruit et ils ne tirent plus au bout de leur attache », ajoute Yolande Labrecque. « Le coup d’œil sur le veau est d’ailleurs différent. En individuel, on circule à l’arrière des veaux, ce qui facilite l’observation des déjections. Le mode collectif nous oblige à changer notre façon de les observer », compare François Mayrand.

Passé les 50 jours, on retire les barrières divisant les enclos. Actuellement, le troupeau de François Mayrand compte 414 veaux, dont la moitié loge en parcs. « Une fois les cloisons enlevées, les veaux semblent plus à l’aise qu’en logement individuel », constate-t-il. Libres de leur mouvement, ils font de l’exercice et se mettent à l’abri des courants d’air. Par contre, la vie en parc implique plus de manipulation. « Je déplace environ 20 % des veaux pendant l’élevage, notamment pour regrouper ceux de tailles semblables », estime François Mayrand.