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Dans le monde des expositions de bovins laitiers, les juges de sexe féminin sont une denrée rare. Mélanie Boulet compte parmi ces expertes de la conformation des vaches laitières.
Pour la race Holstein, le Québec compte 65 juges, dont seulement 5 femmes. À l’échelle du pays, leur nombre ne dépasse pas 10 dames. Pour les autres races -laitières, les femmes juges se font aussi très rares. Mélanie Boulet constitue donc une pionnière.
Cette dernière baigne dans le monde des expositions agricoles depuis son enfance. Ses parents, Alfred et Jeannette, possédaient un élevage laitier à Saint-François-de-la-Rivière-du-Sud, dans Chaudière-Appalaches. « Nos parents nous choisissaient des petites génisses pour promener à l’exposition. Ils aimaient beaucoup ça. Mon père et ma mère avaient un très bon œil pour les animaux d’exposition », raconte l’éleveuse.
Les sept enfants du clan Boulet ont tous hérité de ce talent. Cumulant les fonctions de juge, d’encanteur et d’éleveur, Pierre, l’aîné de la famille, n’a d’ailleurs plus besoin de présentation dans l’industrie laitière, et ce, à l’échelle internationale.
Un peu partout dans le monde
Mme Boulet a commencé son parcours de juge à la fin des années 1990. Elle a œuvré aux quatre coins du Québec et du Canada, et même jusqu’en Europe, notamment en Espagne, en Suisse, en Belgique ainsi qu’au Salon international de l’élevage en France. Sur le Vieux-Continent, les jugements prennent la forme d’un véritable spectacle agrémenté de musique.
Lors d’une exposition au Mexique, Mme Boulet a découvert que l’ambiance s’avérait particulièrement festive. « C’était bar ouvert et, à tout bout de champ, on me proposait de la tequila », raconte l’agricultrice, précisant toutefois avoir décliné poliment les offres!
« Nous sommes des ambassadeurs de la race et de notre pays », insiste-t-elle. Mme Boulet a eu l’occasion d’assister son frère Pierre à la réputée Royal Agricultural Winter Fair de Toronto. Elle caresse toujours le rêve d’être juge à la World Dairy Expo de Madison au Wisconsin, véritables Jeux olympiques de la génétique laitière.
Avoir de la « classe »
Dans l’arène, les juges doivent être capables de départager jusqu’à une vingtaine de bêtes, en toute objectivité, en fonction des caractéristiques les plus souhaitables et conformes à la race. « C’est du sérieux », affirme Mme Boulet.
Les juges doivent faire preuve de confiance en soi et de sang-froid, et ne pas se laisser influencer tout en étant capables d’expliquer clairement les raisons derrière leur classement des sujets. Mélanie Boulet aborde son métier avec un grand professionnalisme et un respect pour les éleveurs qui préparent leurs animaux pour les expositions. « Les gens y mettent tellement de temps », rappelle la juge.
Au fil des saisons d’exposition, l’experte en conformation a constaté l’évolution de la race Holstein. « D’année en année, ça s’améliore beaucoup. Aujourd’hui, ça prend des vaches bien balancées », décrit-elle. À la fin août, celle qui carbure à « l’amour des belles vaches », exercera son art à l’Île-du-Prince-Édouard et au Nouveau-Brunswick.
Agenda chargé
Mélanie Boulet conjugue son métier de juge avec le travail à la ferme. La dame s’est intégrée à la Ferme Arthur Lacroix, l’entreprise familiale de son conjoint Martin, à la fin des années 1990. Le troupeau au préfixe Arcroix comprend aujourd’hui 225 têtes Holstein dont 90 vaches en lactation, pour une moyenne de 11 500 kg de lait. Il compte 25 vaches classées Excellentes, 70 Très bonnes et 25 Bonnes plus. L’élevage a reçu la reconnaissance la plus convoitée dans la race Holstein au pays, soit le titre de Maître-éleveur en 2009. Mélanie et Martin ont trois enfants : Jason, Allison et Marc-Antoine. Ce dernier travaille avec ses parents et constitue l’actuelle relève de l’entreprise familiale.
Pour devenir juge Ne s’improvise pas juge qui veut en conformation laitière. Dans la race Holstein, les candidats doivent réussir une série de tests, tant à l’oral qu’à l’écrit, à l’occasion de la conférence annuelle organisée par l’association de race Holstein Québec. Ceux qui réussissent entament par la suite une probation d’environ trois ans, explique la directrice générale de Holstein Québec, Valérie Tremblay. Ils peuvent ensuite parfaire leurs connaissances lors de journées champêtres et de jugements des cercles de jeunes ruraux avant de passer dans les ligues majeures. |