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Après avoir été sacré meilleur taureau aux trois dernières éditions de la World Dairy Expo de Madison, au Wisconsin, « la légende » Unix a rendu son dernier souffle, en avril, à l’âge vénérable de 12 ans. L’animal détenu par Semex provient d’une ferme d’Upton, en Montérégie.
« Il était dans le club des retraités, mais il va rester une légende. Ça va être un Maurice Richard », lance avec humour Julien Chabot, qui est acheteur de taureaux pour Semex.
Chaque année, à la prestigieuse compétition de Madison, le meilleur taureau est déterminé en fonction des performances de ses filles, dans les diverses catégories, par un système de points accumulés. Si rafler le titre à trois reprises à la World Dairy Expo relève de l’exploit, l’animal pourrait continuer de s’y démarquer après sa mort.
Avant Unix, la dernière fois qu’un taureau québécois avait laissé sa marque à Madison remontait à 2003. Durant la dernière décennie, c’était Goldwin, un autre taureau de Semex issu de l’Ontario, qui se démarquait, année après année.
Au total, plus de 600 000 doses de semences d’Unix ont été vendues à travers le monde et il en reste encore. Les vaches qui en découlent sont souvent de petit gabarit, mais se distinguent par leurs grandes qualités laitières, décrit M. Chabot, qualifiant d’ « incomparable » la qualité de leurs pieds et membres et de leur pis.
La fierté d’éleveurs du Québec
Pour un amoureux de génétique tel que Danny Croteau, de la Ferme Yves Croteau & Fils, élever un veau qui devient le meilleur taureau à Madison est l’expérience d’une vie. C’est à sa ferme d’Upton, en Montérégie, qu’Unix — élevé en copropriété avec la Ferme Lesperron — a passé les six premiers mois de sa vie.
« On savait que c’était un bon veau, parce que la génomique nous donne un indice, mais pas à ce point-là. Ce n’est pas quelque chose qui se prédit. Je pense qu’Unix est arrivé à un moment où la race avait besoin d’un taureau comme ça », analyse le producteur laitier, qui possède un quota de 575 kilos de MG/jour.
Sa mère refait le troupeau après un incendie
Des 600 têtes que loge sa ferme, 250 descendent de la mère d’Unix. Vers 2011, Danny Croteau raconte l’avoir achetée avec la Ferme Lesperron pour refaire son troupeau, après qu’un incendie ait emporté tous ses animaux. Les tests de génomique, à l’époque, la classaient parmi les meilleures génisses aux États-Unis. Le père d’Unix était un taureau italien qui figurait aussi parmi les meilleurs.
« Le croisement avec ma vache qui a mené à Unix a été l’un des premiers croisements de ce taureau-là », affirme l’éleveur pour qui dénicher les meilleurs animaux et être à l’avant-garde en matière de croisements étaient une passion, à une certaine époque.
Depuis que les centres d’insémination achètent moins de taureaux de fermes, en revanche, il a délaissé les croisements destinés à la vente d’animaux pour se concentrer sur son métier de producteur laitier. Il demeure fier d’avoir élevé un animal aussi exceptionnel qu’Unix.
« Ça m’a rapporté de l’argent au début quand ils vendaient sa semence, mais c’était plus l’honneur qui comptait. Un taureau du Québec qui gagne à Madison, ça faisait longtemps qu’on n’avait pas vu ça. »