Élevage 30 mars 2022

Traitement inégal des échéanciers chez les producteurs de sangliers

Le producteur de sangliers Éric Leboeuf n’a pas été informé par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) qu’en raison de la pandémie, il avait le droit de retarder l’échéance de réalisation des travaux de mise aux normes de bien-être animal à sa ferme. Le producteur aurait ainsi pu bénéficier d’une aide financière maximale de 50 000 $ en vertu de l’Initiative ministérielle pour l’amélioration de la biosécurité et des installations d’élevages de sangliers.

« [On] m’a dit que si je n’accomplissais pas les travaux le 30 janvier, en plein hiver, c’est-à-dire creuser trois pieds de creux et mettre de la clôture à – 30 °C, que ce n’était pas possible de continuer et qu’on était mieux de fermer le dossier au MAPAQ. Je n’ai pas eu tant de choix », raconte le producteur d’Hinchinbrooke en Montérégie. L’homme n’a touché que 7 000 $ pour acheter des cages de contention et installer un système de triage des animaux, mais avec la totalité de la somme, il aurait voulu clôturer les bâtiments et le quai de chargement de la ferme, afin d’empêcher les animaux de s’échapper dans la nature. Toutefois, le matériel commandé à Trois-Rivières n’a pas encore été livré, à ce jour, en raison de délais liés à la pandémie.

Lorsqu’Éric Leboeuf a soulevé l’enjeu auprès de l’agente de développement sectoriel du MAPAQ Sarah-Claude Vanlandeghem lors de l’assemblée générale annuelle des grands gibiers au début mars, cette dernière a affirmé qu’un délai était offert aux producteurs jusqu’en 2023. « Normalement, chaque conseiller [du MAPAQ] attitré au dossier a communiqué avec les producteurs », a-t-elle dit en l’invitant à lui envoyer directement un courriel à ce sujet.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier

Le ministère n’a pas souhaité commenter un cas particulier, mais confirme toutefois qu’un délai a effectivement été accordé afin de retarder l’échéance de réalisation des projets et que 10 producteurs sur 21 s’en sont prévalus. Le ministère précise qu’il faut remplir trois conditions pour reporter l’aide financière à 2023. D’abord, que la demande d’aide financière ait été déposée avant le 31 mai 2021, puis que l’équipement ait déjà été commandé chez l’équipementier, et enfin, que le délai de livraison engendré par la pandémie soit l’unique raison du report. « Les entreprises concernées devront déposer les pièces justificatives au plus tard en février 2023 pour obtenir le versement de l’aide financière avant le 31 mars 2023 », précise le relationniste du ministère, Yohan Dallaire Boily. À Yamachiche en Mauricie, le producteur Nicolas Gauthier fait partie de ceux qui avaient été préalablement informés du délai de grâce. « Avec la pandémie, il n’y a plus grand échéancier qui tienne au MAPAQ, mais il faut le demander par écrit normalement », fait valoir l’ancien président de l’Association des producteurs de sangliers du Québec. « J’avais commandé le matériel d’avance, je n’ai pas reçu tout ce que je voulais, [comme] les poteaux », souligne-t-il. Le manque de temps, d’employés et de matériel a causé du retard dans l’avancement des travaux.  Le producteur tâchera de les terminer d’ici l’été.

L’aide financière accordée en vertu du programme s’élevait à 600 000 $ en date du 9 mars.