Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Survivre et défendre des intérêts communs : à l’aube des années 1970, les éleveurs de volailles du Québec se regroupent par instinct vital. Il devient plus que nécessaire d’organiser un modèle permettant à tous non seulement de s’épanouir dans leur métier-passion, mais plus encore de mener une « action commune forte » afin de devenir un acteur de poids et d’influence face aux menaces internationales.
C’est dans ce contexte que la Fédération des producteurs de volailles voit le jour en 1970, et adopte en un temps record un plan conjoint. L’objectif? Établir et maîtriser un règlement de contrôle de la production à partir des besoins du marché.
Jusqu’à présent, élever des poulets au Québec n’est pas chose aisée, ni une activité très rentable. La production « n’était à peu près pas planifiée », comme le relate un article paru dans La Terre de chez nous, le 6 janvier 1971. De nombreux éleveurs subissent des conditions extrêmement difficiles et connaissent de grandes difficultés financières. En se regroupant, ils démontrent une ferme volonté de prendre en main leur destin et d’améliorer leur sort (individuel et collectif). Dans ce désir d’un avenir commun, ils sont guidés et convaincus par un homme : Roger Landry, persuadé que l’avenir des éleveurs doit se conjuguer au pluriel. Il a remué ciel et terre pour donner vie à la Fédération dont il deviendra le président de 1971 à 1975. Il s’en félicitera dès 1971 : « Ça n’a pas été facile (…), mais en cette première année d’opération d’un plan conjoint provincial, la Fédération des producteurs de volailles du Québec est partie du bon pied. »
De fait, la profession doit totalement se remettre en cause : dès le premier plan conjoint adopté, les éleveurs optent pour une mise en place de quotas de production. Cette décision doit permettre de stabiliser et de mieux ordonner la mise en marché de leurs produits. Un choix complexe à prendre pour les éleveurs, car cela impose alors de réduire de plus du tiers leur niveau de production. Mais le temps leur donnera raison et l’effet escompté est au rendez-vous : les prix atteignent des niveaux acceptables.
Cette lueur d’espoir est un tournant pour l’ensemble des éleveurs qui se voient récompensés de leurs efforts.
C’est ce fondement, bien enraciné au sein de la Fédération, qui semble depuis avoir toujours guidé la filière. Dans un intérêt collectif où l’individu conserve toute la place, la Fédération a toujours eu à cœur d’améliorer le quotidien des éleveurs, tout en répondant aux attentes du marché. Cette œuvre collective, organisée autour d’une démarche très sérieuse, a permis à la profession d’obtenir une reconnaissance méritée, et se poursuit au jour le jour. Car la lutte reste permanente, comme le rappellent les décennies passées à devoir exister dans un contexte de mondialisation toujours plus féroce du marché.
Agathe Beaudouin, collaboration spéciale