Élevage 18 août 2021

Rien ne va plus pour les éleveurs de porcs

Les éleveurs de porcs sont à bout de souffle et de solutions face à des bâtiments qui débordent d’animaux de plus en plus lourds et qui ne trouvent plus leur voie vers l’abattoir. Avec beaucoup de fébrilité, le président des Éleveurs de porcs du Québec, David Duval, a demandé une intervention du premier ministre François Legault lors d’une conférence de presse tenue d’urgence le mercredi 18 août.  

Cette demande succède au vote des membres du syndicat des employés de l’usine Olymel de Vallée-Jonction qui ont rejeté, hier, à 57 % l’entente de principe conclue le 14 août entre leur syndicat et la direction d’Olymel. Une situation qui vient jeter une tuile de trop sur les épaules des producteurs.

David Duval, président des Éleveurs de porcs du Québec, n’avait pas le cœur à la fête mercredi, après avoir appris que la grève des employés de l’usine d’Olymel de Vallée-Jonction se poursuivait.
David Duval, président des Éleveurs de porcs du Québec, n’avait pas le cœur à la fête mercredi, après avoir appris que la grève des employés de l’usine d’Olymel de Vallée-Jonction se poursuivait. Crédit : Patricia Blackburn

La situation des porcs en attente, qui était déjà qualifiée d’intenable au début de la semaine, a atteint une limite inégalée dans l’histoire des Éleveurs de porcs, avec 150 000 porcs en attente et un poids moyen de 160 kg vivants. « Avec la canicule qui s’annonce dans les prochains jours, ça risque d’être encore plus difficile. Les éleveurs ont le double, le triple d’animaux du nombre habituel dans leurs bâtiments. Ils nous appellent en détresse, ne sachant pas où ils pourront les mettre dans deux semaines. Et on ne sait plus comment les aider », a confié M. Duval.

Sans demander une loi spéciale, il a dit souhaiter que l’intervention du premier ministre puisse mettre de la pression pour qu’une entente soit conclue rapidement.

Impasse

Les 1 050 travailleurs de l’usine ont jugé l’entente de principe « insatisfaisante », rapporte le syndicat dans un communiqué diffusé dans la soirée du 17 août au terme d’un vote secret de ses membres. La question salariale, la durée de la convention collective et l’horaire des quarts de travail sont les points qui achoppent.

La direction d’Olymel refuse de son côté de faire d’autres concessions sur la question salariale. « Si des réaménagements sont encore possibles, Olymel est allé au bout de ses capacités à payer sans que cela compromette la viabilité et la pérennité de l’usine », a fait savoir Paul Beauchamps, 1er vice-président d’Olymel par voie de communiqué le 18 août. Olymel soutient avoir consenti à une augmentation salariale de 35 %, ce qui, selon l’entreprise, aurait placé les employés de l’usine parmi les mieux payés de l’industrie au pays.

Les éleveurs à bout de souffle

Pendant ce temps, la chaleur, le manque d’espace, le taux de mortalité plus élevé des bêtes dans les bâtiments et dans les transports soulèvent plusieurs enjeux sur le plan du bien-être des animaux et du gaspillage alimentaire. La situation occasionne également un grand stress sur les éleveurs, qui doivent entre autres assumer des pertes économiques énormes. « C’est certain que l’euthanasie est une option repoussée le plus longtemps possible par les producteurs, car s’ils se rendent là, ils perdent tout l’argent investi dans l’animal », explique David Duval. Déjà, il estime que les pertes économiques des producteurs se chiffrent à des dizaines de millions de dollars.

« Il va falloir que le syndicat de la CSN puisse mieux encadrer ses membres pour bien les informer des enjeux de cette grève », a-t-il renchéri. Lui et Marcel Groleau, président de L’Union des producteurs agricoles du Québec, se sont engagés, dès la fin du conflit, à s’asseoir avec les parties pour trouver des mécanismes qui permettront d’éviter qu’une telle situation se reproduise.

La grève des employés de l’usine Olymel de Vallée-Jonction a été déclenchée le 28 avril au moment où les éleveurs de porcs venaient à peine de régler une situation de porcs en attente causée par la pandémie de COVID-19.